27/03/2009

AUBE, la Saga de l'Europe, III-32

... Ces Printemps Sacrés ne furent cependant pas des échecs. Même semée en mauvaise terre, notre graine avait germé. Et il ne faut pas perdre de vue tous ceux qui choisirent de rester près de la terre-mère, et n’oublièrent rien de leur mémoire. C’est grâce à eux qu’Aryana s’étendit et se renforça. C’est leurs fils qui nous ont donné l’hospitalité avant de partir vers les terres nouvelles... Et nous tous, qui venons du midi, ou d'au-delà du fleuve du levant, sommes les enfants de ces héros...
... En ces temps, bien des choses étaient autres. Il n’y avait guère de place sur la Terre. Nos aïeux devaient chasser pour se nourrir, et tuer les hommes qu’ils rencontraient pour assurer que leur semence soit la seule à prospérer. Plus tard, ils surent mener paître les troupeaux, et eurent de femmes serviles des fils qui les gardaient... Plus tard encore, ils rencontrèrent ceux qui faisaient rendre des fruits à la terre-mère, et épousèrent leurs filles. Ils ne dépendirent alors plus du seul Bhagos, mais du cycle des saisons... Naquit le monde que nous connaissons, avec ceux qui prient, ceux qui combattent, ceux qui produisent. Un monde complet, où personne ne manque, où chacun est à sa place... mais aussi un monde trop étroit, puisque à mesure que nos terres produisent, le ventre de nos femmes s’arrondit et les enfants qui nous naissent sont de plus en plus nombreux, solides, se riant des maladies. Et comme aux temps les plus anciens, où nous ignorions l’élevage et la culture, nos terres deviennent trop petites ...
... Alors, faisons comme en ces temps. Mais, sachons-le, le monde a changé. Le moment n’est plus venu de partir comme un feu qui dévore tout, avant de s’éteindre. Emparons-nous d’autant de terres qu’il sera nécessaire, pour cette génération et les suivantes, mais n’oublions pas que nombreux seront, parmi ceux que nous allons rencontrer, ceux qui ont notre sang dans leurs vaisseaux. Quand nous en serons sûrs, nous devrons en faire nos frères... quand nous le soupçonnerons, nos alliés ou nos auxiliaires. Les autres se réfugieront dans les forêts ou se soumettront. Mais je veux en faire des serviteurs, non des cadavres. Dès qu’ils seront sous la responsabilité d’un clan, nul autre ne devra les molester. »

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