19/02/2011
Poètes d'Europe - Alexa Wolf (Portugal)
ALEXA WOLF :
Alexa Wolf est le pseudonyme de l’écrivaine Alexandra Margarida Lobo Cardoso Rodrigues Amaro, née en décembre 1966, originaire de Lisbonne. Elle est membre de l'Association portugaise des Ecrivains, de la Société portugaise des Ecrivains et de l'Ordre national des Ecrivains (Brésil).
Elle est le mentor, la fondatrice et la présidente exécutive de l'Union Lusophone des Lettres et des Arts (association sans but lucratif pour tous les arts)
Depuis son jeune âge liée aux arts, elle a commencé par 2 années dans le Ballet Espagnol, plus tard, elle a exposé ses peintures en vitrail et étain, entre autres matériaux.
Le fait d'avoir participé en tant qu’actrice dans deux pièces, ainsi que comme assistante technique de mises en scène, l’a amenée à avancer toujours plus dans sa veine poétique et de chroniqueuse et lui a donné une plus grande créativité pour ses textes.
Elle est auteur de plusieurs livres très marquées par l'humour et le sarcasme et basés sur les scènes du quotidien, d’articles de presse et de publicités radiophoniques.
Alexa Wolf é o pseudónimo da escritora Alexandra Margarida Lobo Cardoso Rodrigues Amaro, nascida em Dezembro de 1966, natural de Lisboa. É sócia da Associação Portuguesa de Escritores, Sociedade Portuguesa de Autores, Ordem Nacional dos Escritores (Brasil).
É mentora, fundadora e actual presidente da União Lusófona das Letras e das Artes (associação sem fins lucrativos para todas as artes)
Desde muito nova ligada às artes, iniciou-se com apenas 2 anos no Ballet Espanhol, posteriormente teve os seus trabalhos de Pintura em Vitral e Estanho entre outros materiais, em exposições várias.
O facto de ter participado como actriz em duas peças de teatro e como assistente técnica de encenação, veio criar ainda mais na sua veia poética e de cronista, uma maior criatividade nos seus textos.
É autora de vários livros onde perdura o humor e o sarcasmo baseados em cenas do quotidiano, de alguns artigos no Jornal e Slogans para rádio.
4 de ses poèmes
Traduits et adaptés par Marc Galan et Athanase Vantchev de Thracy
DÉSILLUSION
Triste, très triste je suis...
Les mots n’arrivent pas à sortir,
L'inspiration m’a fui
Vers un lieu incertain.
Seule, je ne sais pas où je vais,
Tes poésies, je ne sais où tu les élabores.
Je les cherche dans mon imagination
Dans mon esprit désert,
Je voudrais écrire un poème
Qui soit un beau tableau,
Une douce mélodie,
Une prière, une oraison,
Mais perdue dans le carcan
D’une métrique contraignante
Et de rimes harmonieuses,
Rien ne jaillit, que désillusion.
DESILUSÃO
Triste, mais triste estou...
não me saem as palavras
Fugiu a inspiração
Para parte incerta.
Sozinha não sei onde vou
Tuas rimas não sei onde as lavras
Busco-as na imaginação
Em minha mente deserta
Queria fazer um poema
Uma pintura bonita
Uma suave melodia
Uma prece, uma oração
Porem perdida nesse esquema
De métrica catita
De rima na poesia
Nada sai, só desilusão
VIVRE POUR TOI
Tu es passé de la tempête au calme,
De l'ouragan féroce à un rayon de soleil.
Tu as apporté l’espoir comme une marée
Dans ma vie désordonnée et sans illusions.
Je voulais être une fleur délicate et candide,
J’étais une simple pâquerette
À la recherche incessante de ton amour,
Je me réveillais amoureuse et pleine de rêves.
Et si ce rêve de lis pur
N’est jamais devenu réalité,
Je n’en garde nulle amertume, car cela en valait la peine
De vivre pour toi, même en songe.
POR TE VIVER
Foste da tempestade a bonança,
Do feroz ciclone, um raio de sol…
Criaste na minha maré, a esperança
Nesta vida desiludida e sem controle.
Quis ser mimosa, mera flor
Fui simplesmente margarida
Em busca incessante do teu amor
Acordando apaixonada e iludida.
E se este sonho de pura açucena
A realidade nunca alcançar,
Não guardo mágoa, valeu a pena
Por te viver, mesmo a sonhar!
EN RÊVE
Quand je regarde le ciel bleu fleuri,
Tel un tapis, de petits nuages blancs
Je sens la chaleur du soleil sur ma peau
Comme je sens le doux contact
De ta main sur mon visage.
Quand je regarde la mer qui se jette, écumante
Sur les roches,
Les baignant de ses eaux
En libérant leurs odeurs iodées
Fraîche et volatile,
Je me mets à soupirer
Après les extases d'amour
Que nous n’avons pas encore vécues.
Quand j’entends le vent tournoyer
En sifflant
Et danser avec les feuilles d'automne,
J’imagine des valses qu'i m’emportent
Dans le rêve que je pourrai un jour
M’endormir dans tes bras.
NO SONHO
Olhando o céu azul manchado
Num tapete branco de nuvens,
Sinto o calor do sol na minha pele
Tal como o toque suave
Da tua mão no meu rosto.
Olhando o mar espumando
Violentamente nas rochas,
Molhando-as
Soltando seus odores de maresia
Fresca e solta,
Faz-me suspirar
Pelos êxtases d’ amor
Que ainda não fizemos.
Sentindo o vento rodopiando,
Assobiando,
Dançando com as folhas de Outono,
São valsas que me embalam
No sonho de um dia
Poder adormecer em teus braços.
TU ES LE SEUL FAUTIF
J'ai tu ce sentiment profond
De peur de te perdre,
De trop me dévoiler,
De me condamner.
J'ai étouffé ma souffrance
De ne pouvoir arriver jusqu’à toi
Libre et affranchie comme la nature nous le crie.
J'ai enfermé sous sept clés mon espoir,
Mon désir ardent de me réveiller, de vivre et d’aimer
Sous ton toit,
Dans l’attente que le reste de mon existence si renfermée
Réussira un jour à éclore.
Et si… je me cache en silence,
Sans témoigner ma tendresse
Avec la lune pour seul témoin,
Excuse-moi, mon amour…
Mais tu es le seul fautif !
A CULPA É SÓ TUA
Calei este sentimento profundo
Com medo de te perder,
De me dar a conhecer,
De me condenarem.
Abafei o meu sofrimento
Por não poder até a ti chegar,
Livre e solta como a natureza nos faz gritar.
Fechei a sete chaves a esperança,
A ânsia de um dia em teu tecto amar,
Viver e acordar,
No resto da minha existência tão fechada
À espera de desabrochar.
E se… me escondo calada,
Sem ternura demonstrar,
Vivendo apenas na lua…
Desculpa amor…
Mas a culpa é só tua!
09:00 Publié dans Europe, livre et littérature, Loisirs et Culture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poète, poème, poésie, poema, poeta, poesia, écrivain, portugal, lusophone
10/06/2010
AUBE, la saga de l'Europe 228
Ils ne voulaient – n’osaient ? – lui répondre. Il n’insista pas. Pewortor l’accompagnerait pendant au moins une demi-lune. Il serait malvenu de lui montrer hostilité ou mépris. Il tenta un sourire, loua la beauté et la valeur de ses armes. Le sujet n’était pas indigne d’un guerrier, et propre à rasséréner son interlocuteur.
– J’ai vu tes glaives. Peu de forgerons travaillent aussi bien, tu sais... Même à Kerdarya, il est rare d’en trouver d’aussi beaux.
Pewortor rendait mal pour mal, bien pour bien. Il fit assaut d’aménité et de courtoisie.
– J’ai fait des armes d’élite pour des guerriers d’élite. Je suis guerrier. Je sais ce dont nous avons besoin. Regarde comme j’ai eu raison. En de bonnes mains, elles ont fait des miracles. Ne t’en étonne pas. Un guerrier sait d’instinct quelle arme convient à chacun de ses compagnons.
C’était bien beau d’être poli. Plus encore d’affirmer ses droits et sa valeur. L’envoyé saurait son opinion sur les rapports entre ceux du métal et ceux qui utilisaient leur art et savoir. Il avait pu faire cette mise au point sans l'irriter. Il pousserait son avantage. Il le regarda bien en face.
– Nous avons été nombreux à tuer, homme par homme, plus de dix ennemis, de vrais guerriers, de solides gaillards. C’est notre chef Kleworegs qui en a tué le plus, moi et Yugatek ensuite, et juste après Walkwommartor... Je ne te cite que les meilleurs. C’est à dessein. Je nommerais, sinon, tous ceux partis un jour au combat. Tous savent se battre. J’ai été fier de concevoir pour chacun une belle lame.
Le sourire du messager s’étrécit. Pas du fait que le nouveau ner se soit cité de propos délibéré. Ce manque de modestie n’avait rien qui choquât. Mentionner ses exploits était une façon de se présenter, de s’identifier, d’informer. Non, l’incorrection – délibérée, commise dans un but précis et défini – qui lui faisait serrer les lèvres comme lorsqu’on les a trempées dans l’hydromel suri résidait dans la mise sur le même plan des deux artisans (“ Non, oublions que ce Pewortor l’a été ! ”)... de l'artisan et des guerriers. S’il pouvait tolérer que Pewortor s’installât entre son chef et un de ses guerriers, eu égard à son nouveau statut, il était de sa part du dernier mauvais goût d’avoir cité Faiseur de jougs avant Tueur de loups. On ne cite pas un homme portant un nom d’objet – sauf une arme – dans son patronyme avant celui portant un nom d’animal, preuve de l’ancienneté et de l’excellence de son clan. Encore heureux qu'il ne se fût cité avant son roi ! L’unique raison en était qu’il avait abattu moins d’ennemis. Il se serait sinon, sans honte, nommé d’abord.
19:23 Publié dans Europe, livre et littérature, Loisirs et Culture, roman | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ancêtre, aventure, écrivain, épique, épopée, europe, européen, feuilleton, fresque historique, histoire
17/05/2010
AUBE, la saga de l'Europe 227
Le messager avait mis à profit le temps consacré aux préparatifs de départ et au choix de l’escorte. Il s’était reposé et avait digéré son copieux repas. Frais et dispos, il se promenait. Il prêtait l’oreille aux conversations animées entre les futurs visiteurs du sanctuaire et ceux qui resteraient. Chemin faisant, il tomba sur les forgerons. Il perçut leurs derniers échanges. Il n’y aurait guère prêté attention si, après quelques phrases anodines, la dernière n’était venue grincer à ses tympans. Elle avait tout pour le choquer. Il s’apprêtait à caresser les côtes de l’insolent sacrilège du plat de son glaive. Il le sortait... Le colosse aux réflexions si stupides était Pewortor, l’homme qui s’était emparé du k’rawal… un homme de sa caste. Il suspendit son geste. Il regarda Egnibhertor, roulant des yeux furibonds... Se complaire à écouter ces horreurs ! Il s’adressa à l’armurier-ner comme s’il n’avait plus rien à voir avec son ancienne caste, voire comme s’il l’avait reniée.
– Ah, vos forgerons ne sont pas contents de leur sort ? Quelle engeance ! Je croyais qu’il n’y avait qu’autour de Kerdarya qu’ils se prenaient pour des guerriers. Cette folle idée a éclos aussi chez vous.
Ils ne répondirent pas, trop heureux – surtout Pewortor – de ses révélations sur l’état d’esprit de leurs frères. Au centre du regyom, dans son cœur battant, le même prurit de reconnaissance les travaillait. Bon à savoir, et encourageant. Certes, à l’en croire, ce n’était pas partout ainsi. Pouvait-on se fier à ses impressions ? Il ne devait guère frayer avec eux. Ils n’étaient pour lui que des fournisseurs, au statut des plus bas. Ils étaient plus discrets que lui et que ceux du centre, ou n’avaient pas eu l’occasion, ou l’audace, de se mettre en valeur. Mais au fond d’eux, ensevelie sous les épais sédiments de la crainte et de la routine amoncelés, gîtait la certitude de leur grandeur. Tous éprouvaient le même sentiment... (“ Sans nos bonnes armes, les guerriers seraient bien avancés, tiens ! ... Nous valons plus qu’eux. Nous sommes les prêtres du métal, avec nos prêtres supérieurs, bien plus forts que les bhlaghmenes, même s’ils n’ont droit qu’au titre de patriarches. ”) Il n’en avait jamais entendu d’autres s’exprimer ainsi, mais ils le pensaient tous. Un jour, il leur ouvrirait la bouche.
(“ Je suis prêtre, oui, et le plus puissant de tous... Qu’auraient-ils fait sans moi et les miens, tous ces bhlaghmenes et ces beaux guerriers ? ”)
... Elle n’était pas si loin, et dans toutes les mémoires, l’année où les prêtres avaient invoqué la pluie en vain. Elle se refusait à venir féconder champs et prés, en dépit des sacrifices et des prières. Les récoltes avaient séché sur pied. La production des emblavures avait été misérable. La brûlure du soleil avait rendu stériles les flancs de Dheghom Mater. Seules les terres où les forgerons envoyaient leurs serviteurs avaient échappé à ce malheur. À son initiative, ils avaient ajouté à leurs araires lame de métal et bloc de pierre. Ils avaient pu creuser le sol plus profond, et y aller chercher des vestiges de fraîcheur, de vagues restes d’humidité. Elles avaient fait la différence entre l’absolue stérilité à l’entour et leurs récoltes médiocres, mais permettant, avec les restes de la précédente, d’assurer la subsistance de tous. Ils n'avaient pas dû courir plaines et bois pour se sustenter d’un gibier aussi maigre et mal nourri que ses chasseurs.
Cette année-là leur avait été propice, année d’enrichissement – ils n’avaient pas fait cadeau de leur grain – et, mieux, de prestige accru. Les maîtres du feu et du métal avaient été aussi les maîtres de la terre, de l’eau, des récoltes. Les prêtres en pleuraient de dépit, surpassés sur leur terrain. Ils avaient en sus acquis un savoir précieux. Une terre labourée plus profond résiste mieux aux aléas de la sécheresse. Si le soleil revenait brûler leurs champs, forts de ce secret, ils s’en serviraient pour mettre ses caprices en échec et tirer leur wiks de sa mauvaise passe. Entre-temps, il l’aurait confié à qui le reconnaîtrait pour patriarche... Si, un jour, tout le regyom était frappé par l’aridité, ce ne serait plus un ou quelques villages, mais Aryana tout entier, qui s’inclinerait devant eux, ses sauveurs. Ce pourrait ne pas être aussi facile. Rien ne sauverait certaines terres trop brûlées. Il suffirait à éviter la famine, voire la simple disette. On pouvait toujours imaginer que d’autres maîtres du métal (pourquoi pas lui, lui seul) trouveraient des moyens meilleurs encore d’améliorer ces araires qui rendaient aux sols leur fertilité.
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01/09/2009
AUBE, la saga de l'Europe 226
Ils seraient six mains. C’était une petite troupe, symbolique, suffisante dans leur patrie et sous la protection de l’étendard de Kerdarya. Les seules mauvaises rencontres ne pouvaient être que celles de bandes de loups, qui fuient devant les hommes en troupe, ou d’un mange-miel fou, mais pas assez au point d’oser s’attaquer à trente guerriers. Même si une petite bande de captifs évadés, réfugiés, pour survivre, dans le brigandage, osait se frotter à eux, nul n’a jamais vu autant de guerriers n’en venir à bout. Leur qualité dissuaderait les survivants d’un premier assaut, s’il en restait, d’y revenir. Il n’y croyait guère. Les brigands, depuis une génération, peuplaient plus les contes à effrayer les enfants que les forêts d’Aryana. Aucun, si encore ils existaient, n’irait attaquer une telle troupe en armes.
Cette escorte était à peine utile sur le plan de la sûreté. Elle était en revanche indispensable sur celui du prestige. Un roi de son renom ne pouvait visiter un autre village, à plus forte raison se présenter devant le grand conseil des reges, sans un tel décorum. Privé de cette suite, il eût été nu, pauvre et démuni. Elle fait partie de l’équipement d’un chef à l’égal du glaive de bronze et du casque de cuir orné de défenses de porc sauvage. Elle est signe de richesse et de pouvoir. Il s’inquiéta. Son chargement avait une grande valeur. Il avait peut-être vu trop petit. Il se rattraperait. Faute du nombre, il aurait la splendeur. Il se présenterait avec un luxe et une pompe digne du Joyau. Son village était riche. Il pouvait briller sans obérer en rien sa survie. Il n’avait qu’à puiser dans les réserves. Chacun fut pourvu des plus belles armes et des plus beaux habits. Nul ne rechigna à la dépense. Ces munificences somptuaires étaient un pari assuré sur l’avenir.
À l’escorte se joindrait un forgeron. Si Pewortor n’avait été ner, ç'eût été lui. Il était devenu guerrier, troisième personnage de la troupe en route vers le triomphe. Il ne pouvait y venir en tant qu'auxiliaire. Avoir deux forgerons – même si l’un ne devait plus être considéré comme tel – dans la troupe n’était pas plus acceptable. Les jaloux de son élévation ne se priveraient pas, malgré la loi, de les associer. En même temps, ils refuseraient qu’un ner, même parvenu, travaille de ses mains... Et sans forgeron, que faire ? Il trouva la solution. Elle les satisfit tous, calma toutes les susceptibilités. Un charron, plus utile, se joindrait à eux. Chacun le loua. Il parlait sans élégance, mais savait convaincre. Nul forgeron ne saurait réparer un chariot alors qu’un charron pourrait, sous ses directives, travailler le métal si besoin était. Aucun amour-propre, à part le sien, ne s’était senti froissé. On avait admiré sa sagesse. Il le compta pour rien. Son ressentiment à l’encontre des neres en fut même ravivé. Il confia sa rancœur à Egnibhertor, son successeur, maintenant qu’il devait abandonner cette fonction, comme patriarche.
– Les guerriers ne devraient pas oublier que c’est nous et les charrons qui avons bloqué le défilé par où les Muets fuyaient avec leur butin. Sans nous, ils n’auraient pas le Joyau. Kleworegs pouvait dire adieu à son triomphe et à sa gloire. Son clan n'en serait qu’un parmi des centaines d’autres, tout juste un peu plus riche, et encore... Son ascension n’a commencé qu’avec nos armes. Nous l’avons fait !
– Calme-toi, Pewortor ! De quoi te plains-tu ? Ta lignée est devenue une lignée de guerriers. Tu en es le premier ancêtre, avec un exploit fondateur qui sera chanté. Tu ne vas pas encore gueuler quand les neres ont, pour la première fois, reconnu qu’un de nous était leur égal.
– Oui, pour “ mérites exceptionnels ! ”... Quand le moindre de leurs fils, fût-il plus couard que le lièvre, naît et vit guerrier sans devoir prouver sa valeur. On a accepté de me reconnaître tel à condition que je me taise... Qu’on n’y compte pas trop ! Mon serment ne changera pas la réalité. Tout armurier est homme de guerre… Par la naissance, pas les services. Ne t’inquiète pas ! Cela sera admis.
– Ouais… Quand ?
– T’inquiète ! En attendant, écoute, et n’oublie jamais : Tout forgeron est de caste guerrière. Proclame cette vérité partout.
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03/08/2009
AUBE, la saga de l'Europe 225
Le messager reposait sur une couche rigide. Il l’avait préférée, alléguant ses courbatures, à l’épais tas de fourrures proposé. Il dormait. Les préparatifs pour se rendre à Kerdarya menaient bon train, sans le réveiller. On désignait la délégation porteuse du joyau d’ambre. Chacun criait, dans une forte émulation, voire une féroce rivalité, pour en être. Kleworegs emmènerait les plus vaillants. Décision malvenue ! Chacun s’était senti concerné. Il aurait dû y penser. Tous ses vétérans excipaient de titres suffisants pour réclamer ce privilège.
Il devait choisir. Il les convoqua l’un après l’autre. Qu’ils déclinent leurs titres de gloire, leurs victoires, le nombre de leurs victimes !
Chacun vint parler de lui, et dire combien d'ennemis il avait fauché. Pour l’évaluer, on se fondait sur l’âge et la vertu des vaincus. La mise à mort d’un novice ignorant si un glaive se tient par la lame ou la poignée et celle d’un vétéran qui n’arrive plus à compter ses victimes, celle d’un guerrier en pleine force de l’âge et celle d’un vieillard qui a décidé de mourir au combat plutôt que de sombrer dans les abysses grisâtres de la sénilité, n’avaient pas même valeur. Le vainqueur d’un homme jeune et vigoureux, capable d’engendrer de nombreux fils, avait débarrassé son peuple de dix d’entre eux. Qui triomphait d’un guerrier dont la lame avait pris la vie de ses frères privait, selon leur valeur, les forces hostiles de vingt ou trente hommes qui ne menaceraient pas les générations à venir. Qui avait tué un homme trop âgé pour espérer encore enfanter ou un poltron à la semence stérile en guerriers n’en avait ôté à l’ennemi qu’un seul. Ils n’en eussent fait mention s’il ne s’était agi de fournir le nombre le plus élevé possible... Ç'eût été rageant de rester pour avoir omis un combat mésestimé. Cette vengeance pied de nez posthume d’un pleutre qui ne méritait que mépris aurait eu un goût trop amer.
Les bilans, inouïs, de cent ou deux cents Muets tués se succédèrent. Le soir, on désigna trois mains d’hommes. Leurs exploits les rendaient dignes d’accompagner avec honneur le Joyau. Avec eux viendraient les patrouilleurs, pressés, la mauvaise saison arrivant, de retrouver leurs foyers. L’un d’eux était déjà parti, sur la requête du messager. Il annoncerait son prochain retour avec la gemme sacrée et ses inventeurs.
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