03/01/2012

AUBE, la saga de l'Europe, 273

Il n’avait pas perdu un instant pour voir les guérisseurs. L'un d'eux, ignorant des raisons de son voyage, l’avait examiné. Les griffures étaient boursouflées, d’un rouge malsain. Autant que sa faiblesse extrême, ces marques l’avaient alarmé. Il n’avait pas posé de questions. Son patient devait dormir pour recouvrer au plus vite sa vigueur. Il lui avait fait boire une décoction à le tenir couché au moins un séjour de Dyeus et d’Akmon. Son sommeil avait duré encore plus. Il lui avait permis d’échapper à la mort, ses plaies lavées de toute sanie, sa douleur enfuie... Mais Kerdarya n’avait pu en savoir plus que ses quelques mots lancés au gardien du grand autel avant de sombrer. Elle bouillait d’impatience.
Enfin il ouvrit les yeux. Des prêtres guettaient à son chevet, espérant un réveil qui tardait. Les questions avaient fusé. Le guérisseur avait protesté. Qu’on ne l’importune pas ! Il devait rester alité. Ils étaient trop impatients. On l’avait installé sur un brancard et porté devant le roi des rois et les hauts prêtres. Ils l’avaient re saoulé de questions. Après les avoir appâtés, il les avait fait trop attendre. Ils s’en vengeaient.
Il avait répondu à tout. Il avait décrit en détail le butin de Kleworegs, en particulier le k’rawal. À la différence de Nerswekwos, il avait été bien placé pour le voir. Il l’avait contemplé le temps nécessaire. Les hiérarques avaient eu un long conciliabule. Ils enverraient un messager à ce roi si aimé des dieux. Il lui demanderait d’apporter à leurs sanctuaires le miroir de bronze que le guerrier, encore admiratif, avait décrit avec tant de fougue... plus encore le fameux joyau qui, au travers de sa description, paraissait le signe, visible et annoncé, de leur puissance et de leur unité. Puissance : il emprisonnait un monstre sans lui laisser le moindre espoir de s’enfuir jamais. Unité : le bloc ne semblait jamais devoir être brisé, à quelque force et tension qu’on le soumette. Rien que pour cela, il en valait la peine d’aller vérifier ses dires. Rien, jusqu’à présent, parmi ce que les recherches et les raids avaient permis de découvrir, ne correspondait autant à la promesse divine.
Le roi des rois avait écouté et examiné son récit sous toutes ses coutures. Il avait convoqué ses messagers. Il leur avait répété l’histoire de l’envoyé et du joyau. Habitués à parcourir le monde, en connaissant les secrets, ils lui diraient ce qu’il voulait savoir. Ce dont avait parlé le blessé était-il une pièce unique et jamais vue, ou un objet courant dans certaines terres ou hors d’Aryana ? Il n’évoquait rien. Nul n’avait jamais entendu parler de quelque chose qui y ressemblât. L’un d’eux s’était levé. L’air dubitatif, il avait parlé, du bout des lèvres. La description cadrait de loin avec celle d’une petite pierre symbolisant la lumière de Dyeus Pater, partie du bric-à-brac, entassé dans son temple, trésor du peuple... Cette gemme serait la version naine de celle dont Kleworegs s’était emparé...

Les commentaires sont fermés.