24/07/2012

AUBE, la saga de l'Europe, en e-book

aubecouv1 (2).jpgEt maintenant, le tome I d'AUBE, la saga de l'Europe, est à votre disposition, relu, revu et corrigé en e-book à  l'adresse suivante

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09/03/2012

Aube, la saga de l'Europe, 314

INSERT, 1
 
 
 
 
 
En ces jours où Kleworegs et les siens, enrichis d’un butin divin, chevauchaient, sereins, par steppes et bois, la planète vivait une de ses heures les plus calmes. Würm, la dernière glaciation, était finie depuis des siècles. Passé le danger d'un retour offensif du froid et des glaces, de nouvelles terres s'offraient à mesure du réchauffement imperceptible et harmonieux du globe. Elles seraient à ceux assez hardis pour rejeter l'atavique frayeur qui les retenait d'y pénétrer.
La vie de la Terre, qu’elle veille ou sommeille, est à sa mesure. Après un temps de changements – le renne s'éloignant, fuyant la chaleur, des rives du Danube où il paissait vers les plaines arctiques, les derniers mammouths et rhinocéros laineux agonisant et disparaissant à jamais –, elle était retournée à sa routine endormie. Glaciation et redoux n'avaient laissé d'autres vestiges, de nombreuses espèces triomphantes, que des légendes. Certaines contaient qu'on retrouvait parfois, enchâssées dans la glace comme l'araignée dans la pierre-soleil, des créatures plus grandes que les chariots ou les huttes. Mais c'était des légendes et nul, sauf quelques enfants crédules et des vieilles édentées et gâteuses, n'y accordait crédit. Dans le sommeil ou l'âge extrême, des humains à la raison engourdie avaient engendré des monstres. Qui allait penser qu'en resurgissait la mémoire enfouie ?
Sur cette terre dormant d'un calme apparent, après avoir sacrifié quelques hôtes majestueux, moins que pucerons à son échelle, la vie continuait. À des lunes de chevauchée, sur un sol ignoré, elle crachait son trop-plein de puissance en un immense et sombre panache. Son feu embrasait et noircissait le ciel, occultant soleil et étoiles... Plus près d'Aryana, mais non moins à l'insu des siens, la même force secouait un archipel à l'orient. Là, quelques îlots, rongés par les flammes souterraines, s'enfonçaient, avec lenteur ou violence au gré de la colère des profondeurs, sous des eaux d'une couleur immuable.
Nul témoin n'en rendrait compte. Les flots formaient encore une barrière infranchissable. Quant au mont grondant sur le sol lointain, peut-être quelques lointains parents des Muets le sentaient-ils trembler, mais une terreur sacrée les en avait, depuis longtemps, détournés. Tous, lâches comme héros, avaient fui ou fuiraient bientôt ses abords pour les douces plaines du midi. Ils s'y établiraient et oublieraient à jamais le tonnerre de la terre. Personne ne le verrait exploser en blocs énormes et infimes poussières.
De ces cataclysmes – moins que friselis à la surface du globe – à frapper d'effroi le plus endurci, d'innombrables existences, en ces temps et ceux à venir, allaient dépendre. Et le destin d'Aryana en serait tout changé.
Ce mouvement représentait une seconde pour la Terre, un jour pour l'humanité, un an pour les peuples.
Pour les simples mortels, une vie.
Pour quelques héros, sans qu'ils n'en sachent rien, l'occasion d'enfanter l'histoire.
 
FIN DU LIVRE I

08/03/2012

Aube, la saga de l'Europe, 313

Kleworegs et Pewortor étaient aux portes du palais du roi. Il les recevrait dans la salle du conseil, où il trônait au milieu de ceux qui l’avaient élu. Ce matin, il était seul (pas depuis longtemps, à leur idée) pour les accueillir et les récompenser. Usant d’un des seuls pouvoirs discrétionnaires dont il disposait, il offrirait au petit roi guerrier mille bovins et une terre à conquérir... Plus peut-être.  
(« Si ses bestiaux sont tous comme ceux que nous avons vus en traversant la première couronne de pâtis, il ne sera pas déçu ! » ) Pewortor n’était pas exempt de jalousie. À côté de son chef, il obtiendrait bien peu… De belles paroles, pas des dons de prix... Il se contenterait d’un beau petit troupeau. Les puissants ne remercient jamais à la hauteur d’un service, mais de qui l’a rendu.
Ils pénétrèrent dans le palais qui fleurait le vieux chêne. On leur dit de patienter. Un rideau s’écarta. On les pria d’entrer. Ils avancèrent. Ils se retrouvèrent en présence du roi. C’était un gros homme adipeux, couturé de partout, chevelure gris-blond en queue de cheval rassemblée au sommet du crâne, barbe frisottée. Cette étrange synthèse pileuse – queue de cheval des tribus du couchant, barbe frisée, ondulée à l’urine de jument, des clans du levant – n’était pas le fruit d’un souci d’unification symbolique. Elle était pure coquetterie. L’effet incident était pourtant obtenu. La plupart y voyaient une profonde intention. S’ils n’avaient su son acharnement à réclamer le miroir pris aux Muets, vu sa complaisance à s’y contempler, ils eussent partagé l’illusion commune.
Il se mira encore un moment dans le flanc de bronze. Il le déposa à côté de lui, se souleva de son siège, leur fit signe d’approcher. Il les étreignit longtemps. Il appela Kleworegs son meilleur noble aux mille bovins. Il exprima à Pewortor sa joie d’avoir un guerrier aussi rusé, aussi fort. Les ambitions respectives étaient comblées. Kleworegs avait pris place dans le cercle restreint des chefs de clans qui pourraient, au fur et à mesure que les nobles du conseil royal mourraient, s’en rapprocher, peut-être y parvenir. Il faudrait pour assouvir cette ambition qu’il devienne d’abord chef de tribu, ensuite que les dieux l’aident en envoyant quelque mal qui en faucherait la moitié. On avait déjà vu pareille hécatombe.
Il s’imagina à la place du gros roi. Si Bhagos le maintenait assez longtemps en vie, il serait un jour sur le siège de chêne sculpté, symbole du plus haut rang d’Aryana... (« À ça près que j’aurai, moi, le vrai pouvoir ! » )

Les ambitions de Pewortor étaient autres. La confirmation de sa fonction guerrière de la bouche même du roi des rois l’avait grisé. Il planait dans une rêverie aussi capiteuse. Ce rêve, toutefois, ne le concernait pas. Il s’appliquait à son fils. Un peu plus de perspicacité lui en eût laissé percevoir l’inanité... En cet instant, toute lucidité, tout jugement, étaient en lui abolis. Son ambition avait une première fois abattu les murs de sa basse extraction. Pourquoi le miracle ne se renouvellerait-il pas ?
Dans l’immédiat, sitôt fini cette entrevue, sa voie était toute tracée. Il irait voir le patriarche des forgerons. Il vérifierait les dires concernant leur état d’esprit. Il réglerait des comptes, qu’il se devait d’apurer, datant du temps de son père. Il prendrait parmi eux le rôle qui lui revenait. Le roi l’interpella... Il avait déjà dû le faire sans qu’il l’entende :
– te le répète : Peux-tu nous en forger d’aussi belles ?
Il brandissait la lame qu’il avait cédée à son envoyé. Le chevaucheur ne la lui avait pas réglée, mais s’en était bien mieux acquitté. Il avait préparé le terrain pour que le roi des rois et les autres chefs à sa suite, s’il appréciait ses glaives, deviennent ses pratiques. Il lui en ferait cadeau. Il n’hésita pas un instant.
– Reg-e, j’en ai apporté de splendides, forgées rien que pour toi et ton conseil !
– Je vais envoyer quelqu’un à ton chariot voir ce qu’elles valent et faire un premier choix. Tu me les apporteras demain, avant midi. Les grands rois arrivent pour notre prochain conseil. Si tes armes sont bonnes, ils en voudront tous.
Pewortor s’inclina, reconnaissant. Il n’en vit rien. Il était déjà revenu à Kleworegs, renfrogné. Quelle audace avait celui qui n’était, malgré tout, que son forgeron, de retenir toute l’attention ! Il l’en moqua.
– Eh bien, Kleworeg, tu t’offusques de ce que je m’intéresse à ton guerrier plus qu’à toi ! ? Ne t’inquiète pas ! Je ne t’ai pas oublié. C’est pour toi que je lui ai posé toutes ces questions. Nos terres deviennent trop étroites. Nos jeunes rêvent de conquérir les vastitudes du couchant. Notre nation a besoin d’un chef neuf à leur tête. Qui d’autre que toi, aimé des dieux, en serait capable ? Accepte, toute cette jeunesse sera ta tribu, à qui nous confierons les meilleures armes et les plus beaux chevaux. Ton guerrier commandera à ceux qui forgeront pour les tiens le bronze conquérant. Me direz-vous oui, ou rentrerez-vous dans votre village, couverts des richesses que nous allons vous donner ?
Le bhlaghmen n’avait pu que ratifier la décision prise pour lui. Eux avaient encore le choix. Il y a peu, ils seraient repartis chez eux, riches à foison, bénis à jamais, plutôt que de se lancer dans une conquête aléatoire, pleine de périls, propre à leur assurer, et à leur lignée, puissance et renom. Comme pour le prêtre, l’idée du bonheur de leurs fils prévalut. Leur ambition l’emporta. Ils emprunteraient la voie inconnue, grande ouverte, de la gloire... Etait-ce leur vraie raison ? Leur rut de pouvoir, avant toute réflexion, avait parlé pour eux.

07/03/2012

Aube, la saga de l'Europe, 312

... Pour obtenir ce regain et ce surcroît de pouvoir, et diriger à nouveau les destinées plutôt que de se les faire dicter au gré des intérêts et des dons des guerriers, ils s’appuieraient sur lui. Il partait de trop bas pour jamais espérer accéder aux tout premiers rôles (À moins que les dieux ne l’aient destiné au pouvoir suprême, et il valait alors mieux être de son côté), et trop imbu de sa valeur de combattant pour voir que leur plan visait à éroder la croissante puissance des seconde caste. Ils opposèrent le résultat médiocre de la plupart des raids, depuis qu’on les écoutait moins, à l’immense succès de Kleworegs le pieux. Il était le chéri des dieux, l’inconnu pour qui ils priaient quand ils sacrifiaient en l’honneur du plus grand guerrier d’Aryana. Comprenait-il que c’était grâce à toutes leurs supplications que les dieux, ni sourds, ni aveugles, l’avaient favorisé. Jouant les dupes et les benêts, il hochait la tête. Il n’avait que peu de désirs : se battre, plaire aux puissances, s’illustrer à la conquête de ses futures terres. Il l’entreprendrait sans tarder sitôt ner gheslom gwowom. Trop heureux si cela permettait aux dieux d’être adorés, à leurs prêtres d’être honorés, sur les terres qu’ils lui indiqueraient (et c’était celles de son ambition). Il élèverait son fils dans le même esprit...  
Leurs yeux brillaient. Il avait gagné dans leurs cœurs. Quoi qu’il fasse, ils n’en démordraient pas de le soutenir. C’était important d’avoir l’appui du premier bhlaghmen, mais il était âgé. Un d’eux le remplacerait un jour. Il le manœuvrerait à son tour. Aucun n’avait deviné sa haine de leurs projets. Sur la route du pouvoir, on ne choisit pas ses alliés. Les circonstances décident.

Il sortit. Un beau soleil, pâle, froid, avait chassé la pluie. Il musa avant de rentrer à la maison des hôtes. Devant, un messager du roi des rois parlait d’armes avec Pewortor. Le marchandage les absorbait. Sa toux sèche et insistante interrompit leur négoce. Le héraut releva la tête. Il le reconnut. Il le pria de le suivre au palais royal avec le guerrier qui avait pris le Joyau et fabriquait de si puissantes lames.  
Il ne voyait pas son prêtre. Pewortor le renseigna. Il avait été convoqué par les bhlaghmenes au temple de Dyeus Pater. Seul, des trois associés autour du Joyau, le forgeron n’avait pas attiré leur intérêt. Il n’était qu’un guerrier qui, grâce à son exploit, leur permettrait peut-être de recouvrer leur pouvoir, qu’un chien qui rapporte du gibier : à récompenser, sans excès ; à bien traiter, mais à laisser dehors ou dans un coin où il restera sage. Ces façons ne renforçaient pas sa sympathie, déjà plus que chancelante, à leur égard.
 
Pewortor ne serait pas leur seul déçu. Son prêtre subissait de leur part une amère nasarde. Autant ils avaient choyé Kleworegs, n’ayant aucune raison de le jalouser ou d’en favoriser un autre, tant il semblait le fantoche idéal, autant ils renâclaient à lui accorder les honneurs qu’il espérait. Malgré ses discrètes (il était dans un temple) protestations, ils refusaient d’en faire le desservant du futur autel du Joyau, en tout cas pas le principal. Le premier bhlaghmen avait des amis à obliger. Il devait respecter les susceptibilités. Si le nouveau venu était désigné à ce poste si convoité, l’admiration envers lui serait empuantie de jalousie. Elle se corromprait et pourrirait vite. La vie lui deviendrait impossible. Il devrait repartir pour ne jamais revenir. Son retour, ou celui de ses enfants, à Kerdarya, se heurterait à la haine vigilante de ceux un instant évincés. Rage au cœur, il consentit à un rôle mal défini d’ambassadeur itinérant du coffret. Enfin, si cela aidait son fils ! Le haut prêtre le rassura. Son sacrifice serait apprécié. Il aurait tous les avantages d’un fils de desservant principal... La fonction de son père les lui garantirait sans que nul n’y redise, sur sa foi jurée. Ce combat d’arrière-garde gagné, il céda sur tout. Pour un prêtre de petit clan, et au regard de son passé, la promotion était inespérée. Et il réalisait son plus cher désir : préparer la voie à sa lignée.

06/03/2012

Aube, la saga de l'Europe, 311

AMBITIONS
 

Le regard de connivence avait fait son effet. Depuis, le regs-bhlaghmen n’avait pas perdu une occasion de le louer et d’en vanter les multiples qualités. Ténue au départ, la rumeur de ses qualités de guerrier hors du commun s’était épaissie et enflée, nuée avant la tempête... Et c’était une tempête qu’il allait faire souffler sur Aryana. Kleworegs était ambitieux, mais sans appuis. Leur tacite complicité serait son marchepied vers les sommets.  
Son bhlaghmen, dans le temple, avait instruit son supérieur de toutes ses vertus : Kleworegs le respectait et ne décidait rien sans en référer à lui. Il avait doublé les dons qu’offrait son prédécesseur, et avait été salué du beau nom de pieux l’année même de son accession au pouvoir, avant même d’avoir mené son premier raid. Oui, il était de son intérêt de le favoriser au plus haut point... Et si ces vertus ne suffisaient pas, il possédait la plus prisée du prêtre : la faveur de Bhagos. Elle était grande. Il fallait voir combien s’était répandu son renom. Jamais on n’avait été aussi rapide, aussi unanime, à suivre son avis. Il avait pris sa décision. Il n’irait pas se coucher. Il fit venir ceux du collège des grands dieux dans le temple de Dyeus. Il fallait d’urgence examiner son cas et prendre toutes mesures pour le rencontrer avant de décider, ou non, de l’appuyer.
Il argumenta longtemps dans l’obscurité percée de faibles lueurs de torches, forçant leur apathie. Ils étaient tous d’accord avec lui, prêts à profiter de ses initiatives, mais refusaient de s’engager. Qu’il se contente de leur aval ! D’autres lui demandèrent pourquoi Kleworegs avait mérité le nom de pieux. Il leur rapporta les révélations de son prêtre. Ce portrait était plus rêvé que réel. Il en reprit et en accentua tous les traits. Nul ne respectait plus les première caste, leurs visions, leurs appels, leurs décisions. Les dieux saluaient cette piété en le favorisant. Il serait vain d’aller contre leur volonté.
Il sut aussi flatter les avides. Kleworegs était plus intéressé par les beaux combats que par le pouvoir. Ce n’était peut-être pas tout à fait vrai, mais entre la gloire de Thonros et le pouvoir royal, il n’hésiterait pas. Un sanglier nourrit plus que l’ombre d’un urus. Ils discutèrent jusqu’à plus soif. Ils le verraient avant que le roi ne le reçoive pour l’élever au rang de noble aux mille bovins. S’il leur plaisait, ils lui obtiendraient bien plus.
Il désigna des amis pour juger de son état d’esprit. Il lui enverrait un messager à l’aube. Il le prendrait au saut du lit. Il partit se coucher. Bien reposé, il influencerait mieux le roi et emporterait sa décision d’aider plus que de raison le roitelet si pieux – ou de le briser à jamais, si...
À la prime, le messager vint réveiller le héros. Il était déjà levé, et repu. Un vieux rêve lui était revenu. Il avait revu son ancêtre. Son visage se reflétait, au cours de la cérémonie du passage à l’âge d’homme, dans la pierre qui entourait le cou de son chef, une pierre qui était le Joyau. Il ne fit pas attendre ceux qui l’appelaient. Ils étaient, par chance, tout près ; la pluie glacée du matin transperçait la peau.  
Au seuil de la maison du bhlaghmen, son escorte l’abandonna. Il entra. Les occupants le saluèrent. Il ne les avait qu’entr’aperçus, la veille, mais en avait senti la puissance et l’ascendant. Proches du plus grand prêtre, premiers sacrificateurs de divinités mineures ou acolytes, ils comptaient à Kerdarya. Il devait s’assurer leur soutien, s’en faire des alliés.
Il n’aurait pu mieux tomber. Influencés comme par osmose par leur chef, ils étaient tout disposés à l’écouter avec faveur s’il abondait dans leur sens. L’idée de son excellence avait, insidieuse, pénétré leur âme. Il n’avait rien à faire, qu’à prendre garde de ne pas leur déplaire. Ce n’était pas au-delà de ses moyens.
Leurs désirs étaient faciles à deviner. Ils le voulaient flagorneur. Il le fut, sans se départir un instant de son orgueil de caste. Ils ne pouvaient rêver mieux. L’un s’absenta pour revenir peu après. Il avait fait son rapport, favorable, en haut lieu. La suite le confirma. Le ton passa à la franche amabilité. Ils étaient fiers d’accueillir le loyal serviteur des dieux qui avait offert à Aryana son nouveau flambeau, réification de son unité et de sa puissance éternelle. Sa découverte, annoncée par eux, venait à point nommé restaurer la piété. Il jura les grands dieux qu’elle n’aurait meilleur défenseur. Ils continuèrent à se confier.
Il se pencha pour mieux les entendre. Ils chantaient les louanges du Joyau. Il était, dans sa blondeur, le signe vivant et tangible de leur prééminence. Ils avaient craint, un instant, de se la voir usurpée à jamais par des guerriers plus retors et ambitieux que vaillants. Ce n’était certes pas son défaut. Il entendait de plus loin. Ces mots n’étouffaient pas le cri de leur cœur. Ils désiraient reprendre toute leur ancienne puissance et la faire sentir sur Aryana et, grâce à lui, au-delà. Un pouvoir qui a vacillé et se retrouve, après l’orage, plus affermi, durcit sa nouvelle vigueur au feu de sa peur passée. Il en savait assez. Il tendit de nouveau l’oreille aux bruits sortant de leurs lèvres.