05/03/2011

Poètes d'Europe - Giuseppe Napolitano (Italie)

poète,poème,poésie,poesia,italie,europeGiuseppe Napolitano, né à Minturno,1949, poète et essayiste, vit à Formia. Maîtrise de Lettres de l’Université de Rome avec une thèse sur le Théâtre surréaliste français, il a enseigné 33 ans dans les écoles supérieures. Il a de nombreuses publications à son actif : Moments (1970, Dans la trace (1978) anthologie de la décennie 1967 -77, Masque (1978) prix Maison Hirta, Le jardin d'Aphrodite (1984) traduction de poètes lyriques grecs, Livre d'amour de Catulle (1986, si tu projette un peu d'hier dans l'avenir (1989) anthologie de la décennie 1978-87, qui a obtenu les prix: "Anthos" Isernia et "Saint Valentino" Terni, Haiku (1990, E poi... / Et puis (1991) bilingue Italo-français, Le conte du bon viellard et de la belle fille (1991) essai sur les contes de Svevo, Avec une fille qui demeure ici (1993), créature (1993, prix "A. Gatto"), Horace. Mesure de vie (1993, tr.), Poésie / non poésie (1993) prix "Portico di Onofrio", Cendre. Nicola Napolitano soumis au jugement des lecteurs (1994) essais, Gaeta. 17 cartes (1996, avec des dessins de M. Magliozzi), Paole de paroles (1998) prix "Circe" Sabaudia, Refrain des apparences / Refren d'aparente (1998) bilingue italo-roumain, Coeur de sable (1998, prix "Fiera vesuviana" Saint Gennaro Vesuviano), Gaeta, hier et aujourd'hui (1998), Sans remède / Sin remedio (2000, bilingue italo-espagnol), Nos années s’en vont dans un soupir / Our Years Vanish as au Sigh (2000, trente poésies de John Deane), Équilibre variable / Équilibrio variable (2000, bilingue italo-espagnol), Pas, pensées de poésie (2001), Passages, cinq petits livres (2002, prix "Laurentum", Rome), Sextines de Campodimele / Sestine de Campodimele (2002) tr. de l'original de Nicole Drano Stamberg, Avec toi je suis encore né (2003, 25 variations pour ma fille Gabrielle), Au bord du temps (2005), Vita scoperta nel dire / Vie à travers la parole (2005, bilingue italo français), Temps littéraire (2006). Il a fondé sa maison d'édition "la pièce du poète" où il a publié ses textes (La pitié de la parole, Le train des poètes, Le temps retrouvé. Poésies de l'adolescence), et d'autres auteurs: G. Drano, S. Cervone, N. Napolitano, C. Vitale, E Burgos, I. Di Ianni. Il a été traduit en espagnol, français, roumain, allemand, anglais, grec, espéranto.

(Minturno 1949), poeta e saggista, vive a Formia. Laureato in Lettere a Roma con una tesi sul Teatro surrealista francese, ha insegnato per 33 anni nelle scuole superiori. Ha diverse pubblicazioni al suo attivo: Momenti (1970), Dentro l'orma (1978, antologia del decennio 1967-77), Maschera (1978, premio Casa Hirta), Il giardino di Afrodite (1984, tr. di lirici greci), Libro d'amore di Catullo (1986), Se rincorri un po' di ieri nel domani (1989, antologia del decennio 1978-87, che ha ottenuto i premi: "Anthos" Isernia e "San Valentino" Terni), Haiku (1990), E poi... / Et puis (1991, con tr. in francese), La novella del buon vecchio e della bella fanciulla (1991, saggio sulle novelle di Svevo), Insieme a una ragazza che ci stia (1993), Creatura (1993, premio "A. Gatto"), Orazio. Misura di vita (1993, tr.), Poesia / non poesia (1993, premio "Portico di Onofrio"), Cenere. Nicola Napolitano nel giudizio dei lettori (1994, saggi), Gaeta. 17 cartoline (1996, con disegni di M. Magliozzi), Parola di parole (1998, premio "Circe" Sabaudia), Ritornello di apparenze / Refren de aparente (1998, con tr. in rumeno), Cuore di sabbia (1998, premio "Fiera vesuviana" San Gennaro Vesuviano), Gaeta, ieri e oggi (1998), Partita (1999), Senza rimedio / Sin remedio (2000, con tr. in spagnolo), I nostri anni via in un sospiro / Our Years Vanish as a Sigh (2000, trenta poesie di John Deane), Equilibrio variabile / Equilibrio variable (2000, con tr. in spagnolo), Passi, pensieri di poesia (2001), Passaggi, cinque piccoli libri (2002, premio "Laurentum", Roma), Sextines de Campodimele / Sestine di Campodimele (2002, tr. dall'originale di Nicole Drano Stamberg), Insieme a te io sono nato ancora (2003, 25 variazioni per la figlia Gabriella), Alla riva del tempo (2005), Vita scoperta nel dire / Vie à travers la parole (2005, tr. in francese), Tempo letterario (2006). Ha fondato una propria etichetta editoriale “la stanza del poeta” nella quale pubblica testi suoi (La pietà del dire, Il treno dei poeti, Il tempo ritrovato. Poesie dell’adolescenza) e di altri autori: G. Drano, S. Cervone, N. Napolitano, C. Vitale, E Burgos, I. Di Ianni. È stato tradotto in spagnolo, francese, rumeno, tedesco, inglese, greco, esperanto.

 

Traduction de l’Italien par Athanase Vantchev de Thracy et Véronique Lengrand

 

Par hasard

j’ai peur d’ouvrir la porte :
tant et tant de mots m’attendent là, dehors,

et comme par hasard, ils m’ont retrouvé

le sort et Pirandello avaient décidé pour moi
il est donc bien inutile de me cacher

et Valéry continue à être fidèle à sa foi.

Traduction : Véronique Lengrand

Per caso

Ho paura di aprire la porta:
quante parole mi aspettano lì fuori

e per caso mi hanno trovato

la sorte e Pirandello hanno deciso
che inutile è nascondersi

e Valéry sostiene la sua fede

 

PARCE QUE DEMAIN NE SAIT RIEN DU LENDEMAIN
À mon frère in memoriam

how many years - combien de temps encore
Continuerai-je à me reprocher d’avoir grandi moins vite
que j’aurai dû pour être appelé
un homme : si c’est cela être un homme.

combien de façons il y a pour l’être
et pour se l’entendre dire - mais n’est-il pas plus important encore
de rester parmi les hommes
confiant dans la voie que tu as choisie - peut-être
en marchant à reculons
jusqu'à rejoindre (hic optime manebimus),
le lieu où le jardin de cerisiers est toujours en fleur.

l’eden immérité, retrouvé,
finalement, l’important est au moins de reconnaître,
un instant avant de te tromper,
que c’est une faute incroyable de croire
pouvoir impunément se mesurer
avec la genèse d'un nouvel idéal –
mais tu adaptes au rythme du vent
tes pas et tu n’es qu’une voix des nuages en larmes.

Perché domani non sappia di domani
A mio fratello in memoriam

how many years – quanto ancora
starò a rimproverarmi per essere cresciuto
meno di come avrei dovuto per essere

detto un uomo: se questo è un uomo –

quanti modi ci sono per esserlo e per
sentirselo dire – ma importante ancora
di più è rimanere tra gli uomini
confidando in una traccia – magari
camminando a ritroso dentro l’orma
fino a giungere (hic optime manebimus)

dove il giardino dei ciliegi è sempre in fiore

immeritato eden ritrovato
del quale infine riconoscere almeno

un momento prima di sbagliare
quale errore incredibile sia credere
di potersi impunemente misurare
con la genesi di un nuovo ideale –
ma tu calchi nel vento i tuoi passi
e sei voce di nuvole in pianto

(2009)


A la santé de soi-même

Je voudrais parler de la relation du poète à la poésie et à la forme dans laquelle il enferme et propose son expérience de la vie, expérience qui devient, grâce à lui, une parole à communiquer. Je voudrais soutenir la thèse selon laquelle pour le poète, le masque est un miroir, mais pas celui vers lequel chaque matin tout le monde se précipite pour se regarder avant de se laver la figure : le miroir du poète est sa poésie, dans laquelle il projette son propre masque. Les autres peuvent y lire les particularités de leurs masques, des divers masques que la vie impose à tous. Mais il arrive des choses ces derniers temps, même très récemment, qui nous enlèvent tout désire de plaisanter : il y a des gens qui jouent au carnaval tout le long de l’année, prenant à leur gré des masques de tous genres qui ne font ni rire ni avoir honte et qui ne permettent pas non plus de se regarder honnêtement dans sa glace. Désormais, on fait un usage inconsidéré de la parole. On peut dire aujourd’hui une chose et demain son contraire, sans avoir de compte à rendre. Ici, on n’est plus derrière le masque ! Ici, nous ne contrôlons pas notre visage : chacun improvise son histoire et espère être applaudi, même si personne ne paie pour le spectacle. Le public a tout compris. Quelle belle farce que la vie !

Et le poète, qui a toujours porté un masque en se regardant dans sa poésie, afin que d’autres à leur tour puissent s’y regarder et y trouver les clés qui ouvrent les portes sur des expériences existentielles différentes que la sienne, quel rôle peut-il jouer aujourd’hui, si ce n’est de rendre la parole responsable, même si cela devait le priver lui-même, en premier, du pouvoir de jouer à se cacher derrières ses mots, même si cela le menait à écrire une poésie trop claire, limitée au strict sens premier ? Il en résulte que les choses que l’on dit, plus encore que la façon dont on les dit, doivent être honnêtes. Alors seulement le poète peut témoigner à sa manière de ses rapports avec la vie. Il peut ainsi montrer comment il se parle en se regardant en toute conscience dans la glace, et donner des indications sur la façon dont nous pouvons nous interroger et chercher ce « soi » qui nous habite et nous anime. Enfin, c’est de la sorte qu’on pourrait trinquer avec son « soi » saisi dans le miroir à la santé d’une commune passion pour la vie.

UN BRINDISI CON SE STESSO

Vorrei parlare del rapporto del poeta con la poesia, con la forma in cui egli conserva (e attingendo dalla quale poi propone) l’esperienza della vita che diventa per lui parola da comunicare. E vorrei partire dall’assunto che per il poeta la maschera è lo specchio, ma non lo specchio in cui tutti la mattina andiamo a guardarci per lavarci la faccia: lo specchio del poeta è la sua poesia, in cui egli proietta la propria perché altri vi leggano la loro maschera, le varie maschere che la vita ci impone. Ma stanno succedendo cose, in questi ultimi tempi, e ne sono successe in tempi recenti, che fanno davvero passare la voglia di scherzare: c’è gente che finge carnevale tutto l’anno, indossando a suo piacere maschere di ogni genere, delle quali riesce a non ridere, e a non vergognarsi nemmeno, nemmeno guardandosi onestamente allo specchio. Si fa ormai – a vari livelli – un uso irresponsabile della parola, nel senso che si può dire oggi quel che si vuole e domani si può negarlo, senza doverne rendere conto… Altro che maschera! non c’è controllo sulla nostra faccia: ciascuno recita a soggetto, improvvisa e spera nell’applauso, anche se nessuno più paga il biglietto poiché dal pubblico hanno capito tutto: che bella carnevalata, la vita! E il poeta, che si è sempre mascherato specchiandosi nella sua poesia, perché altri a sua volta vi si potesse specchiare, e leggervi le chiavi di apertura per una diversa esperienza esistenziale, che ruolo può avere oggi se non quello di responsabilizzare l’uso della parola? anche se questo dovesse costare prima di tutti a lui stesso il potere di giocare a nascondersi dietro le sue parole… anche se dovesse significare una poesia troppo chiara, scontata nei significati… Occorre però che siano oneste le cose da dire, più ancora che il modo in cui le si dice. Infine il poeta può testimoniare un suo modo di relazionarsi con l’esistenza, può esprimere con le sue parole una maniera di parlarsi allo specchio, in coscienza, può dare indicazioni su come ci si può interrogare in cerca del sé che ci abita e ci anima dentro… infine si potrebbe brindare con il se stesso scoperto nello specchio, in nome della comune passione per la vita!

 

PAR HASARD
À Renzo et à tous ceux qui ont la foi

Je me suis mis déjà plusieurs fois en croix
Pour avoir voulu croire encore à la vie

A celle, dis-je, que j’ai eue par hasard
et qu’en vérité, je n’ai su en rien mériter

cependant, je me prépare à choisir les mots
de circonstance là où le besoin le requiert

je ne sais pas lesquels de ces mots je saurais prononcer
où auxquels je dois encore faire confiance

tu m’as arraché à la croix,
en m'accompagnant un petit bout de chemin.

Au cas où, à l'avenir, pareil à un navire qui a perdu sa coque en bois,
je sois contraint à naviguer à vue.

IN AVVENTURA
A Renzo e a tutti quelli che hanno fede

Mi sono già più volte messo in croce
per voler credere ancora nella vita

quella dico avuta in avventura
e poco in verità saputa meritare

pertanto mi preparo a scegliere parole
di circostanza ove il bisogno lo richieda

non so quali saprei di poter dire
a chi ancora da me voglia fiducia

e dalla croce mi tirasse ancora giù
accompagnandomi un pezzetto di strada

se nel futuro ormai disalberato
fossi costretto a navigare a vista