14/11/2011
AUBE, la saga de l'Europe, 230
Premenos, le fils du bhlaghmen, dormait, d’un souffle régulier. Le prêtre le regardait, avec plus d’intensité encore, peut-être, que le jour de sa naissance. L’enfant n’entendait rien. Il n’irait pas le réveiller pour qu’il l'écoute. Il lui parlait plus pour être ouï des dieux et leur adresser un vœu que pour qu’il capte ses mots-prières.
– Je pars, mon petit. Ça me fait peine de te quitter. Ne m’en veux pas. C’est la chance de ta vie. Une fois à Kerdarya, avec ce que j’y apporte, on m’admettra au sein d’un des collèges de prêtres les plus réputés, ou on bâtira pour le Joyau un temple dont je serai le desservant. Tu entreras chez les prêtres de Dyeus ou de Bhagos, ou peut-être, si tu as la langue déliée et la parole aisée, dans le collège des récitants d’hymnes. C’est là que j’aurais voulu être. Mais quand j’étais en âge d’étudier les grandes épopées et les chants sacrés, nous étions pauvres. Je ne pouvais rien espérer, qu’un rôle subalterne dans un petit temple. Maintenant, ce village est le plus riche alentour, et si Kleworegs n’a pas mille bovins, son clan en possède bien dix mille, plus que de nombreux villages cinq à six fois plus peuplés... Rien qu’avec cela, toutes les ambitions t’étaient offertes. Qu’en sera-t-il quand nous avons la gloire d’avoir trouvé la pierre-soleil ! Tu feras ce que je n’ai pu que rêver.
Kleworegs, comme ses compagnons, avait mangé sur le pouce. Il aurait plus de temps pour se reposer et faire ses adieux. À peine chez lui, on vint le solliciter... Jusqu’à son départ il devrait avoir l’œil à tout. Il serait dérangé à chaque instant. Parfois, la pression se relâchait. Qu’il retourne chez lui contempler le sommeil de son fils, on venait le tarabuster : “ Wentosyokophos n’a pas l’air au mieux. Laisse-le ici et attelle à ton char Okeusdramos. ”. Sous peine de passer pour un roi qui n’a pas réponse à tout, il devait résoudre le problème. “ Tu es sûr ? Il caracolait comme un jeune poulain, hier midi. Enfin, s’il n’est pas bien, prends plutôt Woghomdeuktor. En cette saison, je préfère une bête plus robuste. ”. La question résolue, il s’imaginait s’occuper de son fils. Tout aussitôt, un autre survenait : “ Le seul beau casque que je possède a une défense brisée. C’est arrivé au cours de ce combat où j’ai empêché un Muet de blesser le demi-frère de l’oncle maternel de ton ancienne femme. Prête-m’en un intact pour faire honneur à l’escorte. Je n’ai rien qui m'aille ! ” – “ Va chez les forgerons ! ” – “ J’en viens, ils n’ont rien à ma taille ! ” ... Et c’était reparti... Quelle nuit d’adieux, où il n’avait le temps de dire adieu à personne !
La lassitude eut raison des fâcheux. À Brillante haute, il put aller se coucher. En pure perte. Le sommeil l’avait fui. Il se releva. Il vint s’asseoir près du berceau de son fils.
– Ah, fils, je ne te reverrai pas avant la saison chaude. J’espère que tu seras déjà fort et bientôt prêt à marcher à mon retour... Si je reviens. Peut-être est-ce toi qui viendras, avec les miens, à Kerdarya. Si je deviens un ner regis, un noble du roi à mille bovins, pourvu d’un beau fief, tu ne passeras pas ton enfance dans un petit village, si riche soit-il. Pour accéder aux plus hautes fonctions, tu devras apprendre l’art du combat avec les jeunes de ton rang, fils des grands guerriers et des favoris du roi... C’est tout le mal que je te souhaite. Le borgne divin, par la bouche du conseil des rois, décidera. J’ai confié hier soir aux prêtres de beaux béliers dont sacrifier en ton nom. J'emporte des gâteaux de miel que je mettrai au feu chaque soir, en oblation. Avec ces hosties, il ne manquera de nous être favorable.
Ce soir-là, il avait pris congé. Il s'était fait expliquer en détail comment se rendre au village qui avait envoyé un des siens à la grande foire de Kleworegs. L’autre avait proposé de lui offrir encore quelques jours l’hospitalité ou de l’y conduire. Il avait refusé. Il en avait fait assez. Il serait sacrilège d’en exiger davantage. Il avait juste accepté de se reposer pour la nuit. Il partirait avec l’aube. Il serait plus vite chez ceux qu’il désirait rencontrer. Là-bas, on savait.
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13/11/2011
AUBE, la saga de l'Europe, 229
QUELQUES NOUVEAUX EXTRAITS D'AUBE, LA SAGA DE L'EUROPE
PROCHAINE PARUTION DU LIVRE I EN E-BOOKLE 1/1/2012
Il avait reçu le message caché derrière l’impolitesse calculée. À cette revendication, exprimée d’un ton calme et froid, il opposa la même tranquille froideur, la même indifférence. Il fit comme s’il n’en avait rien entendu et poursuivait une autre conversation :
– Il faudra que je te prenne un glaive, un glaive ouvré par toi, en personne, j’y tiens.
– Suis-moi... Je suppose que pour ce qui est d’être payé, nous nous arrangerons à Kerdarya ?
– Je te donnerai assez de cuivre pour fabriquer trois lourds glaives si celui que tu me proposes est de la qualité de ceux que tu forges pour vos guerriers.
– Ils sont tous excellents. Tu n’en verras jamais de mauvais chez moi. Je les brise.
– ... Et choisis tes plus beaux pour les présenter aux rois du grand conseil... Avec ça, tu pourras revenir beaucoup plus riche que tu n’es parti. Ça ne te tente pas ?
– Ça tenterait n’importe qui. Ta proposition est bonne. Je te remercie de tes conseils et de tes suggestions. Je les accepte avec gratitude… Voici ma forge, où je garde les meilleurs… Solides, mais tout simples, sans or qui orne leur poignée. Ça ne te gêne pas, ou faut-il, pour avoir ta pratique et la leur, les guillocher de métal précieux ?
– Inutile, nous voulons des glaives tranchants, pas des bijoux. C’est décoratif, mais moins que le triomphe qu’apporte une bonne lame.
– Alors, j’ai ce qu’il te faut, et tout de suite. Entre !
– J’arrive !
– Pendant que j’y pense, si tu n’as pas vu Kleworegs, Nous partons après-demain, à l’aube.
– Lève-toi ! Je pars.
Il se leva. Sa jambe avait cessé de lui élancer, sa blessure au flanc était oubliée. La souffrance était partie. La perspective d’avoir retrouvé le fil, un instant brisé, de la piste de son ennemi, l’avait revigoré. Il parvint près du char du voyageur. L’homme l’invita à y monter. Il y parviendrait tout seul. Ce serait un signe que les dieux approuvaient son projet et l’invitaient à l’accomplir sans perdre un instant. L’aide de son compagnon fut si discrète qu’il ne la vit pas.
Ils se mirent en route. Le visiteur était une mine d’anecdotes, qu’il eût trouvées passionnantes, et de plaisanteries, qui l’auraient fait éclater de rire s’il n’avait eu la tête ailleurs. La seule histoire qui l’eût intéressé eût été celle, même racontée par un bègue postillonnant et cherchant ses mots, qui lui aurait appris où trouver Kleworegs. Il l'écoutait malgré tout. Que faire d’autre en attendant d’arriver, le lendemain dans la soirée ? Il n’aurait ensuite qu’une journée de marche pour trouver le village où quelqu’un savait comment aller au clan du Cheval ailé. Il lui en indiquerait la route.
Après, tout dépendrait de lui. Il encouragea le cheval de la voix.
... Il ne lui faudrait plus longtemps pour se trouver face à sa cible.
Après la journée consacrée au choix de l'escorte, la veille du départ se passa en préparatifs pour s’assurer le meilleur voyage. On sélectionna les plus beaux et les plus solides chevaux, les chars les plus neufs et les mieux ornés. On prépara un ultime et gigantesque banquet en l’honneur du bijou sacré. Ils interrogèrent le messager sur le meilleur chemin et les haltes. À part Gwowomakwelya, la rivière des bœufs, marché à bestiaux de grand renom, et Walkwis, la place du loup, fameux rendez-vous de chasseurs et grande foire à fourrures, ce n'étaient que minuscules villages indignes de les recevoir. Leur passage y serait un événement tel qu’il ne s’en produit qu’un toutes les trois ou quatre générations.
Le banquet fut copieux, mais bref. Ceux qui partaient se couchèrent tôt. Ils se réveilleraient à ciel rose pour avoir le temps de faire leurs adieux. Kleworegs, le bhlaghmen et Pewortor ne furent pas les derniers à en profiter. Ils saoulèrent de recommandations leurs remplaçants et celles qui allaient prendre soin de leurs enfants pendant leur absence. Après qu'ils furent couchés, ils restèrent à les regarder. S’ils survivaient aux mille dangers et maladies qui les guettaient, ils leur feraient honneur et continueraient leur lignée glorieuse. Pour l’instant, ils se portaient bien, comme leurs mères, et dormaient d’un sommeil paisible et rassurant. Aucun des récents nouveau-nés n’avait péri. Ils en remercièrent les dieux.
Les enfants des trois héros du cortège étaient superbes. Peworis, le fils du forgeron, toujours plus énorme, passait déjà pour un petit ogre. Il épuisait le lait de sa mère et de sa nourrice, et, criant à en réveiller les morts, réclamait encore après une telle ventrée. Les armuriers se réjouissaient de ces hurlements témoins de son inextinguible appétit. Le Peworis de la légende avait, lui aussi, tari la poitrine de ses nourrices, deux géantes, pourtant. Cette fringale féroce signait sa haute origine et sa future haute destinée. S’il mangeait comme deux, c’était qu’il avait en lui, à côté de l’âme d’un forgeron, celle d’un guerrier avide de grandir très vite pour arriver au plus tôt à l’âge de combattre. Tous ces signes faisaient de lui, à sa manière, le wunderkind du wiks. Son père était aussi heureux de sa belle vigueur que des sentiments que le reste du village éprouvait à son égard.
21:17 Publié dans Europe, livre et littérature, Loisirs et Culture, roman | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : saga, saga historique, roman historique, européen, préhistoire
18/06/2011
Poètes d'Europe - Samira Begman (Suisse)
SAMIRA BEGMAN- KARABEG est née en Bosnie et Herzégovine en 1954. Elle émigre en Suisse en 1978 et devient citoyenne de ce pays. Samira a fait des études supérieures d’économie et de tourisme à l’Université de Belgrade. En Suisse, Samira Begman acquiert une vaste expérience dans le domaine de la gestion de patrimoine (dix ans d'expérience). Elle a travaillé comme spécialiste de la sécurité et responsable de la formation des apprentis à l'UBS de 2000 à 2002.
Samira Begman est bilingue. Elle parle l’allemand et le bosnien. Elle se sert du russe et de l’anglais. Elle a été a été comptable dans une importante entreprise russe dont le siège se situe à Zurich.
Samira Begman est une excellente poétesse et traductrice.
Œuvres :
Anthologies et revues
De 1992 à 2010, elle a eu de nombreuses publications dans des journaux et revues suisses et bosniaques.
2004 "le temps du mutisme"
Poèmes, Editions Divan, Suisse
2004 "la bibliothèque des poèmes germanophones"
Editions Realis, Allemagne
2005 "la voix de la nature"
Poèmes, Editions Divan, Suisse
2007 "Mes voisins"
Poèmes, Franco Pen Verlag, Bonn
2008 ' Femmes pour la paix '
Espace d'art pour la poésie, l'image et la sculpture
Editions Monsenstein et Vannerdat
Livres individuels
2003 „Die Weberin“ (la tisserande)
Poèmes, Editions Andrea Stangl, Allemagne
2005 „An der Schwelle / Na pragu“ (sur le seuil)
Poèmes / Pjesme (allemand et bosniaque)
2008 „Zeichen“ (signe)
Poèmes, Littera Autoren Verlag, Schweiz
I
SEUL, LOIN DE LA LICORNE
Je fais de mon mieux pour voir son reflet dans d'autres
Alors je démolis et je dilue la nuit,
Je veux être dans leur rêve, dans la pupille de leur oeil
Au cœur de l’identité, au-delà de l'expression
Taillez le mot, le Mot, qui
Éclatera sous le fardeau de l'héritage
Dans une fontaine de voyelles pour que la sagesse
Cachée, dans le moment sacré de création du
Commencement, et dissipera dans mille particules
L’obscurité éternelle, ce mot au sujet de nous.
Depuis comme une poussière d'étoile
Moi et la Licorne sommes devenus une
Je trouve par hasard les gens qui
Se ressemblent les uns les autres
Et dont les traits, les caractéristiques
Ne forment séparément plus qu'un seul être
Le seul être qui blesse et
Se consacre à la désolation de sa propre essence
Je suis anxieuse, je ressens un frisson
Quand je vois que ce qui est resté
Des débris de leur vraie nature, et ce qui est resté
Dans leurs âmes, n’est rien
Qu’une danse endiablée d'ombres mortelles.
SAMA, DALEKO OD JEDNOROGA
Nastojim ga u drugima naći
Pa razgradujem, rastvaram noći,
Želim im u san ući, u trešnju usne,
Obilježja identiteta, iza govora
Riječ isklesati onu baš što evo
Zapečaćena nasljeđima pršti
u mlazu vokala da bi se znanje
skriveno, to tajne zametanje
početka u tisuću čestica razišla
davna tama, ta riječ o nama.
Otkad kao zvjezdana prašina
Stopih s Jednorogom sebe
Ja nailazim na ljude koji mi
Se istim onim drugim čine
Koji obiljem svojih obilježja
Raskorijenjeni tvore više bića
Jedne jedine osobe koja boli i
Voli pustoš svakog svog djelića
Osjetim zebnju, strese me stud
Kad vidim, da od onog čime su
Razlistali svoju ćud da ono što
Im se u duši nastanilo nije drugo
Do li mrtvačkih sjena žustro kolo.
II
La Licorne revient
Une Pensée conçue à partir d’un Mot
A suinté dans le Néant
Et l'infini a tremblé.
Mahat Tattva est né.
Moi, séparée de Lui
Consommée par les flammes de la Création
Moi, l’agneau sacrificiel.
Balayé par la tempête du désert de l'illusion
Annihilé par la cruelle Kali Yuga,
Je trace mon chemin
A travers le tourbillon de Désir,
La nuit disparaît,
Le feu meurt,
L'illusion facilite son emprise.
Je pénètre dans le monde du Pouvoir de la Pensée,
Et là je trouve l'amour,
Son appel devient plus distinct.
L'écho m’emporte vers
L'endroit
Où la licorne
Rêve de mon retour.
Povratak Jednorogu
Misao iz Riječi
oplodi Ništa
i beskonačnost uzdrhta.
Rodi se Mahat Tatva.
JA, od Njega se odvojih
i gorjeh vatrom Stvaranja,
ja, svijetu žrtvovana.
Pustinjskom olujom iluzije
zametana
surovom Kali Yuga
brušena;
savladavam vjetrove strasti,
nestaje noć,
vatra stvaranja se gasi
iluzija gubi moć.
Zadirem u svijet Snage misli,
u njemu i Ljubavi,
Njegov zov zvučan biva.
Tim zvukom ja se uznosim
gdje Jednorog
moj povratak sniva.
III
À plus tard
Je lui ai posé
Des milliers de questions,
"Mon cher enfant, des cailloux d'or
Jaillissent soudain de ta bouche ",
Alors il a dit,
' Regarde, ici sont les réponses … "
J'ai regardé,
Et regardé.
Il n’y avait que de l'eau …
Je le sais, maintenant
J’aurais dû m'être jeté à l'eau.
Kasno je
Sa hiljadu pitanja
stala sam pred Njega,
"Dijete, rukohvati klasja
iz tvojih usta pršte",
reče mi,
"Evo, odgovori su ovdje..."
gledala sam,
gledala...
bila je samo voda...
sad znam,
trebalo je zaronuti.
IV
Génie
L’éclat dans ses yeux
Reflète la reddition de
L’enfant innocent et inoffensif,
Qui se remplit du désir de vie,
Difficile à maîtriser
En ce jeune âge,
Mais quand l'enfant fait face à l'orchestre
Et avec assurance
Tient la baguette
Et crée un orage de mouvements accomplis
Et que l'aria divine – une cascade de perles -
Se déverse du ciel
Et le moment où
Avant que le bâton ne soit levé
Il fait une pause
Il se tourne
Il me cherche
Il fait s’arrêter mon coeur
Il fait s’arrêter le temps
Et je me sens
Comment les sons harmonieux
Qui s’élèvent par la corne de la Licorne
Emportent l'enfance
De la caverne tempétueuse
Vers le verger céleste.
Genius
U plamu njegovih očiju,
dijete mi se predaje,
bezazlenoi nespretno
u valovlju življenja
kojeg savladavati
nije naučilo,
ali, kad stane pred orkestar
i samopouzdano
dirigentsku palicu u ruke uzme
a iz nje s ruke mu vične
sijevaju munje
i milozvučna arija - biserni slap
iz svemira izlijevati stane
i onaj momenat, onaj tren,
kad,
prije nego podigne palicu
okrene se
i moj pogled potraži,
zastane mi dah,
stane vrijeme
i ja vidim
kako zvuci harmonije
jedno djetinjstvo
iz pećine nevremena
Jednorogom uzdižu
u nebesko procvjetavanje.
23:33 Publié dans Europe, livre et littérature, Loisirs et Culture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, poète, poésie, suisse, europe
14/05/2011
Poètes d'Europe : Dmytro Tchystiak (Ukraine)
Dmytro Tchystiak est né à Kiev (Ukraine) en août 1987. Poète, nouvelliste, traducteur littéraire (Maeterlinck, Yourcenar, Bonnefoy, entre autres), critique littéraire et linguiste. Après les études de philologie romane à l’Université Taras Chevtchenko de Kiev, il y prépare un doctorat sur Maeterlinck tout en y enseignant le français et la théorie de la traduction. Lauréat des nombreux prix littéraires pour sa poésie et sa prose, dont PIJA en 2008, Oles’Hontchar en 2010. Ses ouvrages ont paru en Allemagne, en Arménie, en Belgique, aux États-Unis, en France et en Suisse. Membre de l’Union nationale des Ecrivains d’Ukraine.
Дмитро Чистяк народився у Києві у серпні 1987 р. Поет, новеліст, перекладач художньої літератури (з останнього – М.Метерлінк, М.Юрсенар, І.Бонфуа), літературний критик, одне слово – філолог. Асистент і аспірант кафедри французької філології Інституту філології при КНУ ім. Тараса Шевченка. Лауреат багатьох усеукраїнських і міжнародних літературних премій, серед яких – PIJA-2008 і Премія імені О.Гончара (2010). Твори виходили друком у Бельгії, Вірменії, Німеччині, США, Франції та Швейцарії. Член Національної спілки письменників України.
Traduction de l’auteur
Montagnes
vois c’est le glaive qui profère la rivière du feu
vers ces ondines enflammées et l’envol des figures orphélines
l’aigle d’armoise trinité de la rose en accords
clairs à la main enchantée où le sang rejaillit tel un rire
à renverser les collines vers les mers desséchées
onde après onde les monts se retrouvent en chantant
ciel après ciel se retrouvent dans ta voix ineffable
morne oiseau ignorant tes clartés éclatées
II
mais aux confins de ces lunes moroses aux brouillards flamboyants
dans le reflet d’une journée en allée vers l’amen de la source
ombres des pierres tracassant l’eau bleutée ces clochettes
écarlates ces chevaux écarlates à l’envol sur les pousses
premières de blancheur tout déchire ton regard comme une foudre
ô miroitement souterrain comme une lame de rayons entamant
thrènes pour un monde en allée ces fleurs mordorées
ont tissé voix cloche à cloche oh ! si loin !
cloche à cloche ! ou une faux aux collines sous peu enneigées
par un matin chaud d’enfer la rosée triomphante de nuit
la lumière si première est tombée et tu trembles de chœurs
à la source une faible vapeur scintillante et la faux terrassant
la clarté cloche à cloche à ta bouche florissant de quel cri
tout-puissant il te fauche ! il te fauche ! et pourtant
ce regard de bleuet en allée vers le ciel de ce corps vaporeux
à la faux et ces cloches à l’église aux villages des vents
un regard embrassant tout un ciel puis la cloche qui tinte
suspendue et le sang est tombé de la main du faucheur
goutte à goutte sur les pousses si blanches oh ! quel cri tout-puissant l’a fauché sans faucher le regard amoureux oh ! collines
corps à perte de vue blancs si blancs et la cloche appelant
tout un monde vers le bleu du regard éclatant ô mon frère
de passage aux clartés tu me voiles de joie à ta lame de faux
d’un amour à renaître dis-moi si ton chant a duré par la plaie
au regard amoureux mais l’éclat a viré en argent et
les fleurs écarlates ont tremblé crépuscule et ces cloches d’église
te rappellent au portail de ta nuit
rien qu’une lame de lumière a suffi
et la voix retrouvée
III
déjà le temps est vert déjà la terre
t’appelle sans une issue aux retrouvailles
mais point de deuils où la journée tomba
ces pierres murmurent encore du chant de source
et ces racines qui tremblent de feuillage
sans une issue aussi aux retrouvailles
apporte ce songe des pierres des eaux et d’or
aux grands soleils couchés à transparaître
de pleurs de lune encore si ces vergers
paroles troubles cloches à l’unisson
ne sont que songes la terre brûlant de naître
vers les hauteurs
горнє
I
зрине з меча на розвидень ріка золота
в мерехті білих ундин і в орфеєвім леті на водах
трійцею руж полиновим розкриллям орла
тчеться і тчеться рука ув оберненні божім
кров мою сміхом одмарює море за морем
хвиля за хвилею гори горять і говорять
небо за небом але у ясі неодмінній
тихе пташа повертайся вертайся вертай
II
там де зійшовся холодний туман із оглушливим блиском дня криком ріки і камінною тінню на водах там де дзвіночки лілові і коні лілові злітались у сплеск перший ромашковий вицвіт і все! громом! огромом! тільки земля проти ночі палає крізь кригу теплом неохопним ніби зсередини променем ріже і вже поминальну тужбу навзаходи світові тче золотою а птаха все квилить і хвилить оздобу лілову і ріже ріже тихеньке подзвіння ніби хтось косить незбутню траву узимі ранком високої спеки а ще ж непекельно ще росяні трави яса так ніби вперше рекла слово облетом на землю і озираєшся понад рікою на хори косить і косить а ніби нікого випари тіні туману й одміни вихльостом ріжуть і дзвонять! і дзвонять! а дихання часте квітне в обличчя холодною м’ятою Господи крику якого! косить і косить а високо квітне блакитний погляд із тіла імлистого прозір укляк і не може ніяк надивитись на чудо а дзвонить уже над церковцею там угорі за селитьбами вітру туди погляд лиш марева долинає на дзвоні останньому кров із грудей рветься на сині волошки на сині крапля за краплею тільки ж не чує а прозором вись виціловує Господи крику якого уже не волошки тіла без кінця білі-пребілі і падає падає дзвін мов накликає а мева до сині до сині прозором тихий герою з отих що виводять у край животворний там де лиш літо високе з любові з любові спів у полях не заходить на вістрі коси брате речи! вже світло на синяву сходить зі срібла в лілове ніби з волошки зринаєш у вечір у дзвони сільської церковці і догори, догори прозори правдять надію все тільки поруч і сад зацвітає на крайці темрявій дзвони церковці
ударили в біле й лілове і повертається
край повертається край
III
уже зелені падоли, уже земля
тобі затерпла неодмінно
лиш не жалобою на схилку дня
найменший камінь зазвучав ручайно
а голос кореневий забринів
у листі і в тобі непроминально
цей сон камінний водний золотий
візьми зі згаслих сонць у переходи
і ним речи у місячні краї
хай маревом лягли ясні сади
живі слова і тихі благовісти
що розвертають окрик догори
09:55 Publié dans Europe, livre et littérature, Loisirs et Culture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, poète, poésie, ukraine, europe
01/05/2011
Poètes d'Europe - Bećir Vuković (Montenegro)
Bećir Vuković est né le 3 avril 1954 à Kolasin. Il a étudié la littérature yougoslave et internationale à la faculté de philologie de Belgrade.
De 1980 à ce jour, il a publié une quinzaine d’ouvrages de poésie, dont plusieurs ont été récompensés par des prix nationaux et internationaux: Il est le rédacteur-en-chef de la revue « Srpski jug ».
Il est président de’'associationdes auteurs serbes du Montenegro et d’Herzégovine, et un membre régulier de MaticaSrpska. Ses poèmes ont été traduits en français, russe, italien, polonais, bulgare, turc et macédonien.
Il habite à Podgorica.
Poèmes traduits en français par Athanase Vantchev de Thracy
I.
CE N'EST PAS DRÔLE
Alors Dieu
Entassa
Les nuages
Dans sa barbe et, en guise
D’oreiller, il plaça
Un nuage blanc sous sa tête, et partit
Se reposer.
Bon.
Ainsi fit Dieu.
Tes œuvres sont superbes,
Mais, mon Dieu,
Va, dis-moi donc,
Ce que tu faisais
Avant de créer le monde,
Tournant autour
Du trône, demanda un
Fou sagace.
Pas drôles, tes questions !
J'ai érigé les remparts de l'Enfer,
J’ai forgé des chaudrons et des cuves
Pour ceux qui viendraient poser
Ce genre de questions,
Et il frappa le petit imbécile
Sur la tête.
Caracolant sur les cartes représentant la Terre,
Bondissant
D’un monde à l’autre,
Le bouffon répondit :
Va, vieillard, arrête de maquiller
L’univers.
NIJE SMEŠNO
Ondа Bog,
ušuškаo
oblаkove
po brаdi, umesto
jаstukа nаmestio
beli oblаk, krenuo
dа odmori
Dobro.
Bogаmi imа togа.
Velikа su delа tvojа,
аli, Bože,
de, kаži mi,
štа si rаdio
pre stvаrаnjа svetа,
motаjući se oko stubovа
prestolа, pitаlа prepredenа
ludа.
Nije smešno,
zidаo sаm bedeme pаklа
i kovаo kаzаne i kotlove
zа one koji će postаvljаti
tаkvа pitаnjа,
i pomilovаo ludicu
po čuturici.
Igrаjući po mаpаmа,
skаkućući iz
svetа u svet
ludа odgovorilа:
hаjde, čičа, ne izmišljаj.
II
SAXON
Brskovo,
A été mentionné
Pour la première fois
Dans la Chartes du roi Ouros Ier
En la cité de Ston.
Les terrassiers,
Les mineurs, étaient des Saxons.
Ils jugeaient comestibles les jambes du cheval
Tant qu’il se tient debout. Ils pourraient, en effet,
Les dévorer tous les quatre.
Mais, une fois pour toutes,
Le philosophe allemand,
Wolfgang Overath,
Le chef de fil des pessimistes,
A mis fin
A ce cas de figure.
Y a-t-il des Saxons à présent
Dans les gorges de Tara ?
Oui, bien sûr !
Sont Saxons tous ceux
Dont
Les cheveux roux
Poussent drus sur la tête.
Ceux qui n’ont pas de sourcils,
Qui ont pleins de taches de rousseur
A leurs poignets
Et sur leurs paupières.
Les taches de rousseur sur la peau, sont la marque
Des Saxons.
Quand la neige commence à tomber,
Les Saxons se cachent dans leurs tanières,
Ils ne se fréquentent pas. En Hiver, oh, en hiver
On ne trouve nulle part leurs traces dans la région de Tara.
Les Saxons portent de longs manteaux,
Comme s’ils dissimulaient leurs queues.
Il n’existe rien de moins esthétique
Que les Saxons.
Glose :
La ville de Brskovo qui a prospéré entre 1270 et 1351 et a compté jusqu’à 40 000 habitants, est mentionnée pour la première fois à Ston dans une Charte du roi Uros Ier à Ston. Ston était la troisième ville par son importance, juste après Dubrovnik et Kotor. La ville de Biskovo a été fondée par le roi Uros qui avait épousé Hélène d’Anjou. Cette dernière a été la première femme canonisée par l’Eglise serbe.
SAS
Brskovo,
nа Stonu,
prvi put pominje,
Poveljа Urošа Prvog,
Kopаči,
rudаri, bili Sаsi.
Smаtrаli jestivim noge konjа -
dok 'аt stoji, oglođu sve četir'.
Ali, jednom i zаuvek,
nemаčki filozof,
Volfgаng Overаt,
vođа pesimistа,
stаvio tаčku,
nа tаj slučаj.
Imа li dаnаs iko od Sаsа
dolinom Potаrjа.
Bezbeli, još kаko.
Svаko j Sаs
kome divljа
crvenа kosа
rаste uz glаvu,
koje neimа zenice,
ko j pegаvo.
po zglobovimа
i kаpcimа, kome,
pege, kožu, ispisаle,
Sаs.
Otkаko pаdne sneg,
Sаsi ne izlаze iz rupа,
ne trаgаju se. Zimi o ne
nigde trаgovа Potаrjem.
Sаsi nose dugаčke kаpute,
Kаo dа skrivаju repove.
Nemа niče mаnje estetskog, od
Sаsа.
En savoir plus : http://www.poetasdelmundo.com/verInfo_europa.asp?ID=7170 (en anglais)
12:13 Publié dans Europe, livre et littérature, Loisirs et Culture | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : poème, poésie, poète, europe, montenegro, serbe