29/05/2008

AUBE, la saga de l'Europe 002

Le combat résonnait dans sa tête, y vivait. Y vivrait, au moindre détail, à jamais. Ils revenaient d’un raid qu’il n’aurait jamais oublié. C’était son premier. Le butin en avait été plantureux. N’y manquaient ni captifs encore farouches (Qu'ils en profitent ! La servitude saurait les briser.), ni chevaux agiles, ni gras bovins... sans oublier les peaux, les vivres, les bijoux, le sel, et surtout leurs idoles, statuettes grossières et vermoulues. Il n’était prise plus prisée. Arrachés de haute lutte à des fidèles prêts à mourir pour eux, ces trophées témoignaient de leur vaillance. Ils s’en approprieraient les vertus... Et les hommes immolés à leur courroux sauraient, de l’au-delà, leur défaite. Ils en sauraient gré à leurs vengeurs. Ils les avertiraient de tout péril en se glissant dans leurs songes.
Sa tribu se sentait en sûreté. Son butin était abondant, l’âme de ses guerriers sereine. Leur lente avance, femmes et enfants à la traîne, ne leur pesait guère. Les dieux les avaient favorisés. Pourquoi les rejetteraient-ils soudain ? Elle avait pour eux un profond respect. Il ferait beau voir que l’un d’eux osât n’y répondre. Il paierait son ingratitude. Nul ne lui sacrifierait plus. Le feu s’éteindrait sur ses autels… Il reviendrait vite à de meilleurs sentiments !
Il ventait fort. Ils avaient coupé par les bois. Ils y seraient à l’abri. Rien ne manquait à leur bonheur, qu’une halte. Aucune clairière ne s’y était prêtée. Si ce pouvait être la prochaine, là-bas !
À quoi pensaient, alors, ses frères ? Lui – dernier souvenir agréable – à une jeune captive, belle comme lune, sale comme truie. Il la demanderait lors du partage. Il en avait fait assez, à son premier raid, pour se la voir accordée. Nul ne conteste à un hardi compagnon une exigence raisonnable. Épouillée, lavée, la rondelette serait de plaisant commerce.
Soudain, un hurlement avait retenti.

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