04/04/2009

AUBE, la Saga de l'Europe, III-40

Il sourit. Entre les hommes de Belonsis qui étaient venus assister au sacrifice et étaient restés, ceux qui étaient partis et revenus, et ceux qui avaient suivi leur roi après son mariage, il ne restait plus grand monde chez les Chasseurs de loups. Ils viendraient bientôt, rage au cœur, incapables de résister au parfum et au plaisant vacarme. Il fit passer à ses guerriers l’ordre de les bien recevoir et de les inviter à tout partager en abondance. Déjà, ceux qui, obéissant à Belonsis, avaient accepté de côtoyer les autres clans, se dégelaient, échangeaient des récits d’exploits guerriers et de bonnes fortunes, et ne se faisaient pas prier pour engouffrer les mets offerts.
La fête continua. Petit à petit, des hommes de Belonsis arrivaient. On les accueillait par des démonstrations de joie trop excessives pour venir du cœur. Ils les acceptaient comme un dû. Personne ne relevait leur arrogance. Ce serait pour plus tard, peut-être, quand les derniers à venir se conduiraient de même devant les convives ivres et devenus oublieux des conseils de modération. Quelques hommes devaient rester lucides pour régler les querelles qui éclateraient alors... La réconciliation était trop fragile même si, il en aurait juré, son gendre était sincère. Elle ne réussirait que si ses hommes faisaient preuve de bonne volonté et ne contrecarraient pas ses efforts.
Belonsis se leva et repartit vers son campement. Il l’aurait bien suivi, mais un tel geste serait malvenu. Il regardait ses guerriers, ceux restés pour festoyer et qui formaient quelques noyaux compacts et inentamables, ceux venus avec lui, répartis dans tous les autres groupes, et ceux qui arrivaient de loin en loin, installés à la fortune du pot. Ils étaient moins méfiants, presque amicaux... Voilà qu’il parlait d’eux comme de ceux que les siens rencontreraient bientôt, et qu’il essaierait d’amadouer de la même façon. Ces étrangers adopteraient envers lui et les siens la même attitude de méfiance qui ne demande qu’à disparaître ou à se transformer en une carapace de haine, pour un mot, un geste, heureux ou malheureux.

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