22/04/2009

AUBE, SAGA DE L'EUROPE, I-168


Ils avaient accepté son élévation sans changer d’opinion à leur encontre. Allaient-ils, au moins, modifier leur attitude envers lui ? Il cherchait autre chose. Il n’aurait pas gagné tant que l’élite ne considérerait pas les armuriers comme les siens, et n’abandonnerait pas ses fausses légendes sur leurs origines… Si Peworis en était l’artisan ! Peworis, comme le premier héros, et comme lui exposé à la jalousie, aux bas complots, et cependant victorieux, un jour, après avoir frôlé la mort.
Un instant, il fut dégrisé. Il avait été bien léger d’avoir donné ce nom à son fils. Si les dieux lui avaient envoyé là une révélation, il lui avait promis une existence pleine d’embûches et de périls. Il devait, pour prix de cet avenir terrible et fascinant, en faire le guerrier le plus fort, non par esprit de revanche, par besoin. Comment, sinon, échapper aux pièges de ses ennemis, et les vaincre !
Il eut un soudain frisson... les ennemis... Il les trouverait au sein de son peuple, parmi les siens. Il devait rejeter tous ces cauchemars. Il en ferait le plus vaillant guerrier, comme son éponyme, mais seule la nécessité absolue le lui ferait conter sa légende. Les dieux savent ce qu’elle déclencherait.
Lui cacherait-il aussi ses origines ? Non, il saurait qui il était, et la gloire des forgerons ! Les prochains neres. Tôt ou tard, on les y intégrerait. Sans eux, Aryana n'avait que les prières de ses prêtres, les muscles de ses guerriers et la domestication des chevaux, qui donnaient la mobilité et la possibilité de courir sus à des ennemis rôdant à ses frontières toujours mouvantes face à leur pression continue. Les éleveurs avaient beau louer le dieu de la guerre Thonros swekwos, aux bons chevaux, les guerriers chanter leurs péans à Thonros awgos, à la grande force, il n’était un dieu vainqueur que pour être Thonros swedhegos, aux bonnes armes.
... Et, qu’on le veuille ou non, il faudrait en tenir compte.

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