08/06/2009

AUBE, la saga de l'Europe 213

Ils auraient dû être avertis bien plus tôt. Mais l'envoyé de la patrouille avait, peu après son départ, fait une mauvaise rencontre. Sa route avait croisé, le dérangeant dans sa chasse, celle d’un mange-miel. La bête, rage exacerbée par la faim, s’était jetée sur son cheval. Surpris par l’attaque, le coursier l’avait fait choir dans sa vaine ruade désespérée pour échapper à la mort.
Son cheval, éventré, agonisait. Il avait eu le temps de se relever. Étourdi par sa chute, il n’était pas venu sans peine à bout du fauve qui, sa rage assouvie sur l’étalon, s’était retourné contre son maître. Avant de le tuer, il avait reçu de nombreuses griffures, larges, profondes. Son sang et ses forces s’en étaient écoulés. Il était resté plusieurs jours près des cadavres. Il devait dormir et se soigner. Les herbes que les guerriers gardent dans un petit sachet n’avaient que calmé sa douleur. Un peu remis sur pied, il avait marché vers le village le plus proche. Il y était déjà passé. Il s’était fait reconnaître. Il avait troqué son glaive à la poignée dorée contre un cheval et une mauvaise hache. Il avait perdu au change. S’imaginaient-ils, devant son piteux état, ne jamais le revoir ?
Il les avait mal jugés. À peine l’échange effectué, le guérisseur l’avait supplié de se reposer. Il devait recouvrer force et santé. Il aurait, alors, une petite chance d’échapper au sort fatal qui le menaçait avec ses blessures pas ou mal soignées. Il avait refusé. Le prêtre lui avait donné un petit pot rempli d’un baume. Il guérirait ses plaies suppurantes, déjà infectées. Il l’avait obligé à rester le temps d’en ôter le pus. Non sans peine. Il l’avait menacé de reprendre le cheval s’il ne lui cédait pas.
Un peu rétabli, remis sur pieds, il était reparti, sur leurs paroles de chance. Son voyage avait été pénible, tout en courtes étapes. Par la vertu de l’onguent, ses blessures, tout en continuant à l’élancer, avaient un peu cicatrisé. Il était enfin arrivé.

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