10/12/2011

AUBE, la saga de l'Europe, 254

... Des tas de bouse et, maintenant, de cendres, jalonnaient le parcours. L’avance des Muets, qui se croyaient en sûreté, s’amenuisait à chaque pas de Sawel. Enfin, le quatrième jour, nos éclaireurs aperçurent pour la première fois la grande horde. Elle s’approchait d’une longue ligne de falaises abruptes coupée par un seul défilé praticable par de lourds chariots...
... Il se faisait très tard. Notre avant-garde, cachée par les nombreux boqueteaux qui parsemaient ces vallons qui seront nôtres un jour, avec l’aide des dieux, l'avait vue s’installer pour sa halte nocturne. Elle s’était empressée de nous dépêcher un messager. Les autres restaient la surveiller. À peine avertis, nous nous précipitâmes. À Brillante haute, nous les avions rejoints. Ils nous dirent tout : nombre restreint et désinvolture des sentinelles, absence de captifs, nombre de nos adversaires. Ils avaient compté, avant qu’ils n’aillent se coucher, entre dix et douze guerriers autour de chaque feu. À part deux, tous étaient restés allumés. Je comptai les foyers encore ardents. Il y avait dans les deux cents brigands. Ceci corroborait mes premières estimations. Nous étions à parité, ou peu s’en faut. Eux, un peu plus nombreux ; nous, avec l’avantage de la surprise et de la mobilité... mais la puissance de l’esprit de Thonros coulait en nous. Chacun de nous valait sans peine dix des leurs.
Nous attendîmes la fin de la nuit pour attaquer. Si un des nôtres périssait au cours d’un assaut nocturne, son âme errerait sans but, incapable de se diriger vers les terres où festoient les héros abattus au combat et sous la menace d’être dévorée par les forces des ténèbres. Cette attente ne fut pas inutile. Nous la mîmes à profit pour étudier et bien saisir la topographie du camp et de ses alentours, tout en nous assurant de surprendre l’ennemi mal réveillé, yeux bouffis de sommeil. Elle eut un autre avantage. Vous l’apprendrez plus tard. Soudain, le soleil poignit au-dessus des montagnes se découpant dans le lointain. C’était le signal. Nous nous lançâmes, hurlant comme des loups, à l’assaut de leur bivouac endormi à deux pas (à la faveur de la nuit, nous nous en étions bien rapprochés)...

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