03/02/2009

AUBE, la Saga de l'Europe, II-17

– Et surtout, où et quand allons-nous le trouver ? C'est ça qui compte. Pour le reste, nos guérisseurs connaissent les herbes qui rendent toute leur tête aux ivrognes.
– Je le veux devant nous dans moins d'un quartier !
Tous sortirent de l'enclos où les prêtres échangeaient leurs secrets. Ils allaient, sans tarder, suivre les ordres du premier des leurs et envoyer des messagers sûrs à la recherche du chasseur de maléfices. Reggnotis s'était arrangé pour être le dernier à sortir. Il ne fut pas surpris – il s'y attendait et même l'espérait – quand le premier porteur de lin lui crocha le bras de sa main osseuse.
– Eh bien, ne devais-tu pas rester pour écouter... certaines choses ! ?
Reggnotis joua l’innocent. Il avait pensé que le plus haut de sa caste avait besoin de toutes les bonnes volontés pour retrouver celui qui était leur seul espoir de rabattre certains orgueils et certaines ambitions trop préjudiciables à ceux qui prient. Le premier bhlaghmen lui dit qu'il avait des choses plus importantes à lui dire.
– Qui peut-être plus important que déjouer un complot contre nous ?
– Expliquer certains secrets à celui que le chef des oracles veut pour successeur l'est autant.
– Et je serais cet homme ?
– Ne joue pas les idiots. Tu en as envie et tu sais que je l'ai deviné. Pourquoi te le reprocherais-je ? Mais pour accéder à ce poste, il y a des choses que tu dois savoir. J'ai décidé, en accord avec lui, de te les confier. Ta proche accession – ton maître est plutôt âgé – au conseil des premiers prêtres m'agrée. Tu y seras le bienvenu.
Reggnotis remua la tête pour remercier. Il avait toujours senti qu'il obtiendrait une telle promotion, mais la perspective en était restée floue. Il l'espérait tout juste, en raison de sa naissance et de sa prophétie. C'était devenu une certitude. Il se dispensa de toute effusion. Elle n'eût pas été compatible avec son rang à venir.
Le regs bhlaghmen fit signe de s'asseoir à celui qui siégerait un jour à son côté. Il regarda tout autour, bien que nul, à ce qui se disait, n'avait jamais rien su des paroles échangées dans l'enclos sacré.

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