04/03/2009

AUBE, la Saga de l'Europe, III-11


Belonsis haussa les sourcils de surprise, puis ordonna au messager de le prier d’entrer dans la tente royale. Il avait bien fait de taire ses projets. Sans convoquer aucun conseil, parlant d’homme à homme à son haut roi, il déciderait de leur réconciliation, et mettrait chacun devant le fait accompli. Il serait bon, pour son honneur, de laisser Kleworegs parler en premier... de toute façon, le protocole l’exigeait. Tout était pour le mieux. Kleworegs venait lui faire des avances. Il pourrait jurer aux siens que c’était Kleworegs qui était venu proposer la paix, non lui qui était allé la solliciter. Son autorité s’imposerait sans le moindre effort. Il s’habilla du mieux qu’il pouvait et rejoignit la pièce au sol jonché de peaux de loups où le haut roi l’attendait. Il lui sourit, tout en s’inclinant, puis attendit ses paroles... une formule de politesse ampoulée, sans doute, à qui il répondrait de la même façon obscure et pompeuse. Il se tint fin prêt.
– Belonsis reg, pour que toute querelle s’éteigne entre nous, je viens te donner ma fille aînée pour épouse. L’acceptes-tu ?

– Oui !
Belonsis regarda Kleworegs. Le haut roi était tout aussi surpris de sa réponse immédiate qu’il l’avait été de sa question inattendue. Le oui flottait entre eux comme les bulles s’exhalant des mares stagnantes, aussi fragile qu’elles. Chacun attendait, au cœur la crainte que toute parole, tout geste, le moindre clignement d’œil, rompît le charme. Ils avançaient les lèvres, comme pour parler, puis les rétractaient et les pinçaient jusqu’à ce que leurs bouches serrées les fassent ressembler à des petites vieilles édentées... Comme s'ils en avaient la même timidité, le même désir de ne pas paraître, de se glisser dans le plus petit trou de souris, de se fondre en néant.

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