11/03/2009

AUBE, la Saga de l'Europe, III-17

La porte de la tente venait de s’ouvrir en grand. Les deux rois en sortaient, souriants. Les hommes de Belonsis s’entre-regardèrent, aussi mécontents que leur chef semblait satisfait. Ils le virent les examiner, s’attardant sur les plus importants d’entre eux, qui tous avaient des filles ou des sœurs à marier. Ils seraient déçus, mais il n’en avait cure. Le mariage avec la fille de Kleworegs, s’il allait pour un bref moment tous les fâcher, n’aurait en fin de compte que des avantages. Il aurait été prisonnier de sa belle-famille et aurait eu à souffrir de la jalousie de tous ceux qui avaient vu leur parentèle rejetée. L’union avec cette étrangère au clan lui simplifiait la vie. Mieux valait une colère générale, qui s’éteindrait bien vite, qu’une longue jalousie recuite de tous ceux qui avaient été écartés. Mieux valait une belle-famille qui se mêlerait peu de ses affaires que des beaux-frères qui tenteraient chaque jour de l’influencer au prétexte de leur alliance.
 Il leur fit un grand sourire. Il le voulait plein d’ironie. Ils y virent l’annonce d’une heureuse nouvelle... Mais quelle bonne nouvelle pouvait sortir d’une entrevue avec Kleworegs ? La réflexion, après coup, vint assombrir leur belle humeur. Tous levèrent la tête comme pour l’interroger. Il ne les fit pas languir.
– Chasseurs de loups, voilà ce que Kleworegs et moi avons décidé. J’ai résolu, sur sa proposition, de prendre sa fille pour épouse.
 Un grondement monta de la foule. Chacun espérait qu'il épousât un jour sa fille et sa sœur. Il les décevait tous. Même si la raison leur dictait qu’il n’aurait pu prendre qu’une seule épouse, tous avaient espéré qu’elle serait de leur famille. Seuls les plus sages avaient été effleurés par l’idée qu’il aurait pu, pour des raisons d’alliance, se lier avec celle d’un roi ou haut roi d’une autre tribu... De là à épouser la fille de celui qui avait usurpé la place de leur précédent roi...
 Il fut désarçonné par leur réaction. Il se tourna vers Kleworegs. Son calme rejaillit sur lui. Il éleva le ton, leur imposa silence.

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