01/04/2009

AUBE, la Saga de l'Europe, III-37


– J’en étais d’accord. Je n’ai pas changé d’avis.
– Et n’oublie pas ! Tes enfants seront vassaux des miens, mais si tu as des filles, mes fils les épouseront. Ainsi, un jour, un enfant possédant les vertus des héros du Cheval ailé et des Chasseurs de loup sera haut roi de ces terres qui s’étendent devant nous/
– Et roi des rois de tout Aryana, si les dieux lui sourient !
– Les dieux lui souriront.
– Les dieux te parlent souvent. Tu ne dirais pas cela en vain.
– Attends. Je n’ai pas terminé. N’oublie pas que si tu devais répudier ton épouse, sans qu’aucune faute ne puisse lui être imputée, tu devras tout lui rendre. Et/
– Ça n’arrivera pas ! Laisse le prêtre qui nous unira en parler, parce que ça fait partie des rites du mariage, mais c’est inutile. Cependant, j’en ferai le serment, pour que notre union soit conforme à la coutume.
Permi, bientôt lasse d’entendre les deux hommes de sa vie discuter, vint se placer entre eux.
– Je suis prête.
Ils la regardèrent, interloqués. Kleworegs était furieux… Sa fille, se conduire ainsi, mais devait se taire. Belonsis hochait la tête en signe d’approbation. Le prêtre, qui venait d’arriver et avait entendu l’adolescente, les observait, offusqué. Jamais une femme ne se conduisait ainsi avec ceux dont elle dépendait. Il grommela entre ses dents une formule destinée à détourner du couple et des guerriers de Belonsis le malheur. Quoi d’autre un clan où l’épouse ordonne, l’homme obéit, peut-il espérer ?
Il n’eut pas le temps de la terminer. Le couple était devant lui. Il ne pouvait plus, dès lors, que faire ce pour quoi on l’avait appelé. Il marmonna les paroles rituelles qui entouraient toute union, rappela à chacun ses obligations. Il demanda à la fille de Kleworegs de sacrifier sur l’autel, et elle versa la rosée devant la pierre sacrée de son clan avec la force des guerriers qui jettent derrière eux le fond d’une cruche d’hydromel pour désaltérer les esprits errants des héros. Avec les mêmes gestes brusques, elle prit des mains de son père le gâteau de cire, le posa sur l’autel ardent de son nouveau clan et annonça, d’une voix forte, qu’elle était désormais l’épouse de Belonsis et la femme du roi des Chasseurs de loups. Kleworegs tiqua. Elle avait omis de dire qu’elle n’était plus fille du clan du Cheval ailé. Cet oubli n’était pas fortuit. Il allait intervenir, mais ni le prêtre, ni son époux ne semblaient avoir relevé ce manquement. Il n’interromprait pas la cérémonie. A quoi bon indisposer Belonsis par une exigence qui pourrait lui paraître insultante. Mieux valait se montrer accommodant et ne pas rompre le charme qui le maintenait dans ce si plaisant état d’hébétude énamourée... Et s’il essayait d’en obtenir plus qu’il n’avait déjà promis ?

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