02/04/2009

AUBE, la Saga de l'Europe, III-38

Ce serait de mauvaise politique, et le prêtre qui officiait pourrait soudain devenir vigilant quand ils réciteraient les serments qui engageaient les deux clans. Mieux valait compter sur sa fille, même si elle semblait encore ingrate. Elle avait la vertu évidente de dominer son époux, et, à en juger par son attitude et sa détermination, elle saurait rester la maîtresse. Même si elle avait changé de clans et d’ancêtres, ses racines lui restaient. Elle ferait profiter ceux du Cheval ailé de son influence.
« Certes, elle est amoureuse de son mari, mais elle a son caractère. Tout son amour ne l’empêchera pas de vouloir commander. Ah, la façon dont elle traitait ses servantes, y compris les plus proches, qui avaient remplacé sa pauvre mère ! Elle les aimait, mais il fallait voir comme elle leur parlait. Ce sera pareil avec Belonsis. Elle a mon sang. Elle ne peut qu’ordonner ! Et ordonner dans le sens de nos intérêts. »
Oubliées les réticences et l’hostilité de sa fille, oubliée son omission, à l’évidence volontaire, de sa naissance. Elle était royale, impérieuse, semblant diriger le mariage qu’elle refusait quelques pas du soleil avant. C’était au tour de Belonsis de jurer sur ses autels sa fidélité à Kleworegs. Le haut roi du Printemps Sacré se surprenait à se conduire envers Belonsis avec plus d’amabilité et moins d’arrogance que sa fille, tout amoureuse de lui qu’elle était. Non, il avait tort de qualifier ainsi son attitude. Elle se voulait l’égale de son mari, et exagérait sa roideur. Se faire désirer encore plus en se montrant inaccessible ? Peut-être était-ce son intention, mais tout le reste, le parfum de son corps, le feu à ses pommettes, la lueur dans ses yeux, signifiait avec assez d’évidence son désir. Il ne comprenait pas. Ces jeunes gens amoureux ? Un étrange jeu de soumission et de domination ? L’époux de sa fille ne devait pas être un vrai homme, pour la laisser parler lui sur ce ton... Il s’en souviendrait, si l’autre lui était rebelle. On ne suivrait pas plus un homme esclave de son épouse qu’on ne l’aurait suivi, s’il avait cédé à sa fille.

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