19/03/2009

AUBE, la Saga de l'Europe, III-25

Il s'en voulait. Il comparait sa rigidité de roi et père de son clan, sévère et inflexible, et son indulgence envers elle. Quelle honte ! Pourquoi avait-il pour elle, à l’exclusion de ses autres filles, de telles faiblesses ? Il s’imaginait, en dehors des occasions fixées par les traditions, écoutant les doléances de ses hommes, et réagissant comme il réagissait face à son aînée. Combien de temps lui faudrait-il pour devenir la risée de ses guerriers, voire de ses paysans ou, pire, de ses serviteurs ? Fille de son père et femme de son clan, elle devait lui obéir. « Et si elle se prend à me haïr ? Elle en serait capable. »
Il rejetait très vite l’idée. Son sang le trahirait ? Quelle absurdité ! Il se caparaçonnait de sévérité. Fille aînée ou serviteur, quiconque dépendait de lui lui devait obéissance et soumission. Il lui annonça sa décision. Elle le regarda, yeux flamboyants :
– Que je l’aime ou je le haïsse, le mari que tu m’imposes aura au moins mon respect. Il dépend de toi, mais ne t’obéit pas. Je le lui rappellerai.
Il sortit de sous sa tente. Enfin elle acquiesçait à l’union projetée! Quant aux menaces, et à ce qu’elle lui avait dit sur l’indiscipline de Belonsis, il n’en avait rien entendu. Il aurait eu, sinon, trop de questions à se poser, dont il ne souhaitait pas, tout bien considéré, avoir la réponse.
« Avec le temps, tout s’arrangera ! Ne songeons plus qu’à préparer ce mariage ! »
 
La battue de Kleworegs lui permit de prendre assez de gibier pour que chacun, y compris le plus humble troisième caste, ait son morceau de viande pour fêter l’arrivée dans le nouveau domaine. Celle de Belonsis fut moins réussie. Il devrait, s’il voulait que son mariage soit aussi mémorable qu’il l’avait promis, faire une coupe claire dans le cheptel qu’avait amené sa tribu... un cheptel des plus réduit. A croire que la moitié de son troupeau s’était noyée en traversant le fleuve du couchant, ou avait péri au long de son trajet. Leur troupe était d’ailleurs aussi pauvre en producteurs. Il y avait là une intention. Il devait essayer de la deviner.


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