07/12/2011

AUBE, la saga de l'Europe, 251

... Cette menace ne me fit ni chaud ni froid. On m’en avait déjà lancé, de ce genre, plus qu’il n’est de brillantes au firmament. Elle ne m’en déplut pas moins. Je bridai le réflexe, bien légitime, qui me démangeait, de brandir ma masse et de lui briser la tête. Je voulais avant – Ah, j’en vois qui ont l’air déçu. Ne vous inquiétez pas ! Il a payé son insolence déplacée – en connaître plus sur ce qu’il avait appelé la grande horde, quoi que ce puisse être : fable destinée à nous effrayer et à rendre cœur aux siens – fourberie usuelle –, secret, ou fait connu d’eux tous mais qu’il avait eu, lui, l’imprudence ou le front de nous révéler. Leurs réactions le laissaient croire, sans nous l’assurer. Il se pouvait qu'ils n’aient ri et trépigné de joie qu’à cause de sa bravade, sans rien savoir de cette réelle, ou prétendue, horde...
... Son interrogatoire fut aisé. Egnibhertor n’arrivait pas à le suivre. Questions, menaces, étaient inutiles. Par la massue de Thonros, c’est lui, au contraire, qui nous menaçait. La horde, la grande horde, existait. Il était trop heureux de nous en parler, que nous tremblions et fuyions. Nous en rîmes. Des paroles ! Il s’emporta. Il nous jura bien que non. La meilleure preuve en était que son frère (C’était, je l’appris par ses voisins, un mauvais sujet, ripailleur, chapardeur et violeur, jadis exilé par les siens.) en faisait partie. Je me demandais encore s'il n’affabulait pas. Que valaient ces témoignages ? Deux des nôtres me firent signe. Ils avaient fouillé en se bouchant le nez sous un monceau de peaux mal tannées, plus proches de la charogne que de la fourrure. Ils y avaient découvert un glaive, de mauvais cuivre certes, mais à la poignée guillochée d’or. Nos forgerons y reconnurent un travail étranger. Cette trouvaille appuyait les assertions sorties d’entre ses noirs chicots...
... Je le poussai dans ses retranchements. Vaine fatigue. Nous voulions savoir où opérait sa grande horde. C’est du meilleur cœur qu’il nous l’indiqua. C’était, je l’avais déjà compris à son recrutement et à son butin, un de ces ramassis de brigands qui, nombreux et prêts à tout, vivent du sac des riches caravanes. Il nous invita à lui livrer assaut, pour nous faire détruire et réduire en bouillie sanglante... Ce que mon marteau fit de sa tête aussitôt que j’eus compris qu’il n’avait plus rien à nous dire. Comme il l’avait proclamé bien fort, et ils l’avaient tous entendu, il ne vivrait pas assez longtemps pour le voir, mais périrait heureux... Nos sorts étaient liés.

Les commentaires sont fermés.