02/02/2012

Aube, la saga de l'Europe, 292

Le passage de Kleworegs avait fait grand bruit. Il n’eut aucune difficulté à s’enquérir de sa route. Il parvint vite à Gwowomakwelya. Si le temps des grandes foires était terminé, il y restait encore nombre de guerriers désireux de troquer leurs bêtes. Il serait sage de brouiller sa piste. Sa monture était trop reconnaissable avec son étoile blanche au milieu du front. Il s’était trop fait remarquer à demander son chemin. Son poursuivant éventuel devait être à ses trousses. Il prendrait un cheval anonyme, bon coursier, à la robe le plus neutre possible. Il trouverait sans peine troqueur.
Il parcourut des yeux les enclos. Les guerriers souhaitant céder leurs chevaux les y avaient installés. Tous le regardaient, envieux. Lui qui voulait être discret ! Il finit par trouver son bonheur. Un troupeau assez important pour que son convoyeur n’en connaisse pas bien les bêtes une par une. Il en repéra parmi elles plusieurs banales au plus haut point, à ne pouvoir les distinguer. Il y choisirait sa nouvelle monture.
Il s’approcha. Le bel étalon était une aubaine. L’échange fut vite conclu. Il profita de ces dispositions. Son vendeur lui fournit tous les renseignements qu’il désirait. Kleworegs était passé peu avant. Il pourrait le rejoindre dans la forêt entre Walkwis et Kerdarya. S’il se pressait, il le rencontrerait vite. Ils pourraient cheminer de compagnie deux jours durant.  
Il exprima sa joie de retrouver bientôt celui qu’il cherchait. Le marchand lui sourit... S’il pouvait le rappeler à son bon souvenir. Il amènerait bientôt de beaux coursiers à Kerdarya. Il serait honoré que le guerrier au Joyau vienne choisir une monture dans son cheptel. Le gamin soupira.
– Je crains que mon influence ne suffise pas !
L’étrange sourire ! Ce n’était pas son problème. Il avait fait une bonne affaire, puisse-t-elle préfigurer la journée ! Il salua le départ de son client et lui souhaita la faveur de Bhagos. Le jeune homme ne répondit pas. Il caressait la lame de son poignard.

Le vendeur faisait la sieste. Il n’avait rien troqué depuis le matin, même si des amateurs s’étaient enquis de sa nouvelle acquisition. Il avait mis la barre très haut. Aucun chaland n’avait poursuivi à l’audition du prix demandé. Ils s’étaient en revanche intéressés à d’autres bêtes. Plusieurs seraient parties ce soir.
Il se réveilla. Le vent avait chassé les nuages. Ses visiteurs allaient revenir. De nouveaux clients, cherchant une monture d’élite, se présenteraient. Pourquoi pas celui-ci, scrutant tous les enclos d’un regard acéré ? Un peu jeune, mais il avait tout de l’acheteur potentiel. Un homme qui s’y connaissait en chevaux, un client avec qui il serait bon de conserver des relations, si jamais ils faisaient affaire. Peut-être l’avant-garde d’un groupe de convoyeurs l’attendant plus loin. S’avancerait-il à sa rencontre ? Mieux valait ne pas bouger. Il serait en plus forte position pour négocier... Et à quoi bon ? Il se dirigeait vers lui.

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