14/11/2011
AUBE, la saga de l'Europe, 230
Premenos, le fils du bhlaghmen, dormait, d’un souffle régulier. Le prêtre le regardait, avec plus d’intensité encore, peut-être, que le jour de sa naissance. L’enfant n’entendait rien. Il n’irait pas le réveiller pour qu’il l'écoute. Il lui parlait plus pour être ouï des dieux et leur adresser un vœu que pour qu’il capte ses mots-prières.
– Je pars, mon petit. Ça me fait peine de te quitter. Ne m’en veux pas. C’est la chance de ta vie. Une fois à Kerdarya, avec ce que j’y apporte, on m’admettra au sein d’un des collèges de prêtres les plus réputés, ou on bâtira pour le Joyau un temple dont je serai le desservant. Tu entreras chez les prêtres de Dyeus ou de Bhagos, ou peut-être, si tu as la langue déliée et la parole aisée, dans le collège des récitants d’hymnes. C’est là que j’aurais voulu être. Mais quand j’étais en âge d’étudier les grandes épopées et les chants sacrés, nous étions pauvres. Je ne pouvais rien espérer, qu’un rôle subalterne dans un petit temple. Maintenant, ce village est le plus riche alentour, et si Kleworegs n’a pas mille bovins, son clan en possède bien dix mille, plus que de nombreux villages cinq à six fois plus peuplés... Rien qu’avec cela, toutes les ambitions t’étaient offertes. Qu’en sera-t-il quand nous avons la gloire d’avoir trouvé la pierre-soleil ! Tu feras ce que je n’ai pu que rêver.
Kleworegs, comme ses compagnons, avait mangé sur le pouce. Il aurait plus de temps pour se reposer et faire ses adieux. À peine chez lui, on vint le solliciter... Jusqu’à son départ il devrait avoir l’œil à tout. Il serait dérangé à chaque instant. Parfois, la pression se relâchait. Qu’il retourne chez lui contempler le sommeil de son fils, on venait le tarabuster : “ Wentosyokophos n’a pas l’air au mieux. Laisse-le ici et attelle à ton char Okeusdramos. ”. Sous peine de passer pour un roi qui n’a pas réponse à tout, il devait résoudre le problème. “ Tu es sûr ? Il caracolait comme un jeune poulain, hier midi. Enfin, s’il n’est pas bien, prends plutôt Woghomdeuktor. En cette saison, je préfère une bête plus robuste. ”. La question résolue, il s’imaginait s’occuper de son fils. Tout aussitôt, un autre survenait : “ Le seul beau casque que je possède a une défense brisée. C’est arrivé au cours de ce combat où j’ai empêché un Muet de blesser le demi-frère de l’oncle maternel de ton ancienne femme. Prête-m’en un intact pour faire honneur à l’escorte. Je n’ai rien qui m'aille ! ” – “ Va chez les forgerons ! ” – “ J’en viens, ils n’ont rien à ma taille ! ” ... Et c’était reparti... Quelle nuit d’adieux, où il n’avait le temps de dire adieu à personne !
La lassitude eut raison des fâcheux. À Brillante haute, il put aller se coucher. En pure perte. Le sommeil l’avait fui. Il se releva. Il vint s’asseoir près du berceau de son fils.
– Ah, fils, je ne te reverrai pas avant la saison chaude. J’espère que tu seras déjà fort et bientôt prêt à marcher à mon retour... Si je reviens. Peut-être est-ce toi qui viendras, avec les miens, à Kerdarya. Si je deviens un ner regis, un noble du roi à mille bovins, pourvu d’un beau fief, tu ne passeras pas ton enfance dans un petit village, si riche soit-il. Pour accéder aux plus hautes fonctions, tu devras apprendre l’art du combat avec les jeunes de ton rang, fils des grands guerriers et des favoris du roi... C’est tout le mal que je te souhaite. Le borgne divin, par la bouche du conseil des rois, décidera. J’ai confié hier soir aux prêtres de beaux béliers dont sacrifier en ton nom. J'emporte des gâteaux de miel que je mettrai au feu chaque soir, en oblation. Avec ces hosties, il ne manquera de nous être favorable.
Ce soir-là, il avait pris congé. Il s'était fait expliquer en détail comment se rendre au village qui avait envoyé un des siens à la grande foire de Kleworegs. L’autre avait proposé de lui offrir encore quelques jours l’hospitalité ou de l’y conduire. Il avait refusé. Il en avait fait assez. Il serait sacrilège d’en exiger davantage. Il avait juste accepté de se reposer pour la nuit. Il partirait avec l’aube. Il serait plus vite chez ceux qu’il désirait rencontrer. Là-bas, on savait.
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13/11/2011
AUBE, la saga de l'Europe, 229
QUELQUES NOUVEAUX EXTRAITS D'AUBE, LA SAGA DE L'EUROPE
PROCHAINE PARUTION DU LIVRE I EN E-BOOKLE 1/1/2012
Il avait reçu le message caché derrière l’impolitesse calculée. À cette revendication, exprimée d’un ton calme et froid, il opposa la même tranquille froideur, la même indifférence. Il fit comme s’il n’en avait rien entendu et poursuivait une autre conversation :
– Il faudra que je te prenne un glaive, un glaive ouvré par toi, en personne, j’y tiens.
– Suis-moi... Je suppose que pour ce qui est d’être payé, nous nous arrangerons à Kerdarya ?
– Je te donnerai assez de cuivre pour fabriquer trois lourds glaives si celui que tu me proposes est de la qualité de ceux que tu forges pour vos guerriers.
– Ils sont tous excellents. Tu n’en verras jamais de mauvais chez moi. Je les brise.
– ... Et choisis tes plus beaux pour les présenter aux rois du grand conseil... Avec ça, tu pourras revenir beaucoup plus riche que tu n’es parti. Ça ne te tente pas ?
– Ça tenterait n’importe qui. Ta proposition est bonne. Je te remercie de tes conseils et de tes suggestions. Je les accepte avec gratitude… Voici ma forge, où je garde les meilleurs… Solides, mais tout simples, sans or qui orne leur poignée. Ça ne te gêne pas, ou faut-il, pour avoir ta pratique et la leur, les guillocher de métal précieux ?
– Inutile, nous voulons des glaives tranchants, pas des bijoux. C’est décoratif, mais moins que le triomphe qu’apporte une bonne lame.
– Alors, j’ai ce qu’il te faut, et tout de suite. Entre !
– J’arrive !
– Pendant que j’y pense, si tu n’as pas vu Kleworegs, Nous partons après-demain, à l’aube.
– Lève-toi ! Je pars.
Il se leva. Sa jambe avait cessé de lui élancer, sa blessure au flanc était oubliée. La souffrance était partie. La perspective d’avoir retrouvé le fil, un instant brisé, de la piste de son ennemi, l’avait revigoré. Il parvint près du char du voyageur. L’homme l’invita à y monter. Il y parviendrait tout seul. Ce serait un signe que les dieux approuvaient son projet et l’invitaient à l’accomplir sans perdre un instant. L’aide de son compagnon fut si discrète qu’il ne la vit pas.
Ils se mirent en route. Le visiteur était une mine d’anecdotes, qu’il eût trouvées passionnantes, et de plaisanteries, qui l’auraient fait éclater de rire s’il n’avait eu la tête ailleurs. La seule histoire qui l’eût intéressé eût été celle, même racontée par un bègue postillonnant et cherchant ses mots, qui lui aurait appris où trouver Kleworegs. Il l'écoutait malgré tout. Que faire d’autre en attendant d’arriver, le lendemain dans la soirée ? Il n’aurait ensuite qu’une journée de marche pour trouver le village où quelqu’un savait comment aller au clan du Cheval ailé. Il lui en indiquerait la route.
Après, tout dépendrait de lui. Il encouragea le cheval de la voix.
... Il ne lui faudrait plus longtemps pour se trouver face à sa cible.
Après la journée consacrée au choix de l'escorte, la veille du départ se passa en préparatifs pour s’assurer le meilleur voyage. On sélectionna les plus beaux et les plus solides chevaux, les chars les plus neufs et les mieux ornés. On prépara un ultime et gigantesque banquet en l’honneur du bijou sacré. Ils interrogèrent le messager sur le meilleur chemin et les haltes. À part Gwowomakwelya, la rivière des bœufs, marché à bestiaux de grand renom, et Walkwis, la place du loup, fameux rendez-vous de chasseurs et grande foire à fourrures, ce n'étaient que minuscules villages indignes de les recevoir. Leur passage y serait un événement tel qu’il ne s’en produit qu’un toutes les trois ou quatre générations.
Le banquet fut copieux, mais bref. Ceux qui partaient se couchèrent tôt. Ils se réveilleraient à ciel rose pour avoir le temps de faire leurs adieux. Kleworegs, le bhlaghmen et Pewortor ne furent pas les derniers à en profiter. Ils saoulèrent de recommandations leurs remplaçants et celles qui allaient prendre soin de leurs enfants pendant leur absence. Après qu'ils furent couchés, ils restèrent à les regarder. S’ils survivaient aux mille dangers et maladies qui les guettaient, ils leur feraient honneur et continueraient leur lignée glorieuse. Pour l’instant, ils se portaient bien, comme leurs mères, et dormaient d’un sommeil paisible et rassurant. Aucun des récents nouveau-nés n’avait péri. Ils en remercièrent les dieux.
Les enfants des trois héros du cortège étaient superbes. Peworis, le fils du forgeron, toujours plus énorme, passait déjà pour un petit ogre. Il épuisait le lait de sa mère et de sa nourrice, et, criant à en réveiller les morts, réclamait encore après une telle ventrée. Les armuriers se réjouissaient de ces hurlements témoins de son inextinguible appétit. Le Peworis de la légende avait, lui aussi, tari la poitrine de ses nourrices, deux géantes, pourtant. Cette fringale féroce signait sa haute origine et sa future haute destinée. S’il mangeait comme deux, c’était qu’il avait en lui, à côté de l’âme d’un forgeron, celle d’un guerrier avide de grandir très vite pour arriver au plus tôt à l’âge de combattre. Tous ces signes faisaient de lui, à sa manière, le wunderkind du wiks. Son père était aussi heureux de sa belle vigueur que des sentiments que le reste du village éprouvait à son égard.
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15/10/2011
AMANJOLOV KASSYM RAKHIMJANOVITCH (1911-1955), centenaire d'un grand poète du Kazakhstan
AMANJOLOV KASSYM RAKHIMJANOVITCH (1911-1955) est un poète kazakh. Il a fait ses études à l’école professionnelle de vétérinaires, puis à l’Institut Pédagogique d’Oural, et s’est spécialisé à l’Institut des Eaux et Forêts de Leningrad. Ses premiers poèmes ont été publiés en 1931. Au début de sa carrière de jeune poète, il suit les canons de la poésie classique kazakhe, le jyraou (poésies de légende) et le tolgaou(poésie de reflexion).
Kassym Amanjolov est un poète-pionnier, un des fondateurs de la poésie lyrique kazakhe, qu’il dote de nouvelles formes pleines de fraîcheur. Ses recueils de poésies « La confession d’une vie » (« Өмір сыры », 1938), « La tempête » (« Дауыл », 1948), les poèmes de « La fille mystérieuse » (« Құпия қыз », 1939), « La légende de la mort du poète » (« Ақын өлімі туралы аңыз », 1944), « Notre Dastan » (« Біздің дастан », 1947), etc., révèlent toute la force du talent lyrique de Kassym Amanjolov. Le poète a chanté la vie quotidienne au Kazakhstan et l’héroïsme de son peuple pendant la Deuxième Guerre mondiale. Il introduit dans la poésie kazakhe le vers décasyllabique, dont se servent aujourd’hui largement les poètes contemporains du pays. Il est également l’auteur des recueils « La belle enfant » (« Балбөбек») et « Versets » (« Өлеңдер », 1949), « Le monde brillant »(« Нурлы дуние », 1950), etc. Sa poésie est très populaire, les amateurs de vers connaissent par cœur ses poèmes. Sa poésie, profonde et authentique, vit dans le cœur du peuple, inspire les gens et les incite à des actes héroïques. C’est une poésie dense, contemporaine. On peut lire ce poète aujourd’hui, demain, après-demain.
Kassym Amanjolov a fait beaucoup pour le développement de la dramaturgie, de la critique littéraire, de la peinture et de la traduction. Il était également compositeur et chansonnier. Ses chansons « Dariga »et « Mon pays natal » sont largement connues par les Kazakhs.
Il a traduit en langue kazakhe « Layla et Majnoun » de Nizami, « Poltava »de Pouchkine, « La Mascarade » de Lermontov, « A haute voix »de Maïakovski, « Vassili Terkin »de Tvardovski, etc. Ses œuvres sont traduites en russe et dans toutes les langues des peuples de l’ex -Union Soviétique.
En ces jours, le peuple du Kazakhstan commémore le 100e anniversaire du grand poète Kassym Amanjolov, devenu un classique de la littérature kazakhe. Des célébrations ont lieu dans son pays natal, la région de Karaganda, dans la province de Karkaralin.
АМАНЖОЛОВ КАСЫМ РАХИМЖАНОВИЧ (1911–55 гг.), поэт. Учился в Семипалатинском веттехникуме, Уральском педагогическом институте, Ленинградском институте лесного хозяйства. Первые стихи опубликованы в 1931 г. В начале творческого пути К.Аманжолов придерживался канонов традиционной поэзии жырау (сказания) и толгау (размышления).
К.Аманжолов поэт-новатор, один из основоположников лирики в казахской поэзии, пополнивший ее свежими композиционными формами. В сборнике стихов «Исповедь жизни» («Өмір сыры», 1938 г.), «Буря» («Дауыл», 1948 г.), в поэмах «Таинственная девушка» («Құпия қыз», 1939 г.), «Сказание о смерти поэта» («Ақын өлімі туралы аңыз», 1944 г.), «Наш дастан» («Біздің дастан», 1947 г.) и др. проявилось своеобразное лирическое дарование К.Аманжолова. Поэт отображал жизнь Казахстана, героизм народа в Великой Отечественной войне. К.Аманжолов ввел в казахский стих десятислоговую строку, которой ныне широко пользуются казахские поэты. К. Аманжолову принадлежат сборник «Балбөбек» («Прекрасное дитя») и «Өлеңдер» («Стихи»), 1949 г., «Нурлы дуние» («Светлый мир»), 1950 г., и др. . Его стихи и поэмы популярны в народе, любители поэзии знают их наизусть. Его подлинная поэзия остается всегда с народом, вдохновляя к свершениям. Она содержательна, современна. Его можно читать и сегодня, и завтра, и послезавтра…
Много труда вложил К.Аманжолов в развитие драматургии, критики и художеств. перевода; известен как песенный автор и композитор. Его песни «Дарига» и «Страна родная» широко распространены в народе. Им переведены на казахский язык письма из поэмы Низами «Лейли-Меджнун», поэмы «Полтава» Пушкина, «Маскарад» Лермонтова, «Во весь голос» Маяковского, «Василий Теркин» Твардовского и др. Его сочинения переведены на русский и другие языки народов бывшего СССР.
В эти дни литературная общественность Казахстана отмечает 100-летие великого поэта, классика казахской литературы Касыма Аманжолова. Торжества проводятся на родине поэта - в Карагандинской области, в Каркаралинском районе.
Biographie (en russe) traduite en français par Athanase Vantchev de Thracy
Poèmes (en kazakh) traduits en français par Athanase Vantchev de Thracy et Mursal-Nabi Tuyakbaev
1.
DE LA POÉSIE
Parfois, je reste assis, plongé dans la torpeur,
Comme si un écrasant fardeau pesait sur moi,
Imperceptible, passe le temps,
Sans accomplir sa tâche.
Parfois, surpris, je tressaille,
Comme si je venais de trouver ce que je cherchais,
On dirait que depuis peu de temps,
Un torrent charriant des blocs de glace commence à couler en moi.
Deux fois plus vite coulent mes vers,
À peine ai-je le temps de les coucher sur le papier,
Tantôt je les chante, tantôt je les récite,
Plein d’un immense bonheur.
Je déplie mon corps, hier recroquevillé,
Le feu en moi brûle d’une flamme éblouissante,
Je me réjouis du nouveau-né,
Assis, je lui procure du plaisir.
Mes vers sont mes enfants,
On dirait qu’ils me ressemblent,
Je respire, penchés sur eux, je les étreins,
J’essaie de leur apprendre plusieurs langues.
Qu’il est beau ce monde,
J’ignore la tristesse et le ressentiment,
J’irradie, je suis comme un jeune enfant,
Je brûle, tout entouré d’amour.
ӨЛЕҢ ТУРАЛЫ
Отырам кейде құрысып,
Бойымда бір жүк жатқандай;
Өтеді уақытым жылысып,
Өз міндетін атқармай...
Кетемін кенет сілкініп,
Іздегенім тапқандай,
Манадан бері іркіліп,
Селім бір енді аққандай.
Келеді өлең еселеп,
Үлгіре жазып жатамын;
Бір әндетіп, бір сөйлеп,
Мол рахатқа батамын.
Құрысқан бойым жазылып,
Лапылдап отым жанады.
Отыр ғандаймын мәз қылып,
Ойнатып сәби баланы.
Өлеңім менің бөбегім,
Өзіме тартқан секілді,
Үстіне түсе төнемін,
Үйретіп оған не тілді.
Дүние қандай тамаша!
Реніш-қайғы маған жат,
Құлпырып мәз боп, балаша,
Айналам толған махаббат.
2.
JE PARLERAI DE MOI
Ce n’est personne d’autre, c’est moi
Qui parlerai du cours de mon existence,
Mon cœur, arme-toi de mots ardents,
Je garderai le calme au fond de mon âme,
Je dirai tout sur un ton tantôt ému,
Tantôt câlin.
Je suis Kassim – fils de Rahymjan Amanjol,
Je suis comme un siècle
Pour la génération présente,
Aux yeux de certains, je suis un pauvre hère
Parti vivre en terre étrangère,
Pour d’autres, je suis toutes choses inaccessibles
Tout là-haut dans le ciel.
De mes deux yeux – deux étoiles au milieu du visage,
J’ai vu des événements de toutes sortes.
Est-il possible qu’un jour je m’éteigne,
Que je devienne noires ténèbres ?
Je ne regrette pas de mourir le moment venu,
Ce que je regrette, c’est d’agir autrement qu’il ne faut,
Chaque jour, j’y pense et repense cent et mille fois :
Que faire pour que mon chant ne meure pas avec moi ?
Mon chant, c’est tout ce que je possède,
C’est tout le bonheur qui est en moi,
Mon chant, c’est l’ami le plus cher à mon cœur,
Je ne suis pas venu pour rien dans ce monde,
Alors comment puis-je vivre et mourir
Comme ça ?
ӨЗІМ ТУРАЛЫ
Өзге емес, өзім айтам өз жайымды,
Жүрегім, жалын атқан сөз дайында.
Тереңде тұнып жатқан жауып күйді,
Тербетіп, тулатып бір қозғайын да...
Аманжол – Рахымжанның Қасымымын,
Мен қалған бір атаның ғасырымын,
Біреуге жұртта қалған жасығымын,
Біреуге аспандағы асылымын.
Екі көз – екі жұлдыз маңдайдағы,
Көруші ең құбылысты қай-қайдағы.
Япырмай, сен де бір күн сөнермісің,
Қап-қара түнек болып маңайдагы.
Өкінбен мен де бір күн өлемін деп,
Өкінем ұқсата алмай келемін деп,
Күніне жүз ойланып, мың толғанам,
Өзіммен бірге өлмесін өлеңім деп.
Барым да, бақытым да осы өлеңім,
Жақыным, жүрегімнің досы өлеңім.
Өмірге келгенім жоқ бостан-босқа,
Мен қайтіп, босқа жасап, босқа өлемін
3.
SARY-ARKA (1943)
Sary-Arka, or brillant, or flottant à la lueur des bougies,
Tu es devenue lieu de vie depuis plusieurs siècles,
Montagnes joyeuses, merveilleux espaces, rivière pleine de gazouillis,
Rendent plus libre ton souffle quand tu grimpes sur les collines.
Ouvrant ses ailes toutes de poèmes et de chants,
Tel un oiseau, ton cœur s’envole vers le ciel,
L’amour, l’amour total envahit tout ton être,
Et Sary-Arka vient vivre en toi, qui débordes de jeunesse.
Retrouvant la paix dans les bras de Sary-Arka,
Je me souviens comment, enfant, j’aimais jouer,
Ayant débarrassé ma peau de mes années d’orphelin,
Je suis tombé amoureux des nuages couronnant le pic lointain.
Ô belle Arka, tu dévoiles ton clair et rayonnant visage,
Tu câlines le jeune orphelin, tu chasses ses peines.
Ô toi qui éloignes de moi la grise mélancolie des tombes,
Que dire de tous ces miracles accomplis pour moi ?
Sary-Arka, tu me remplis de nostalgie, Ô ma patrie,
Ô steppe d’or, tu es ma mère, pure et généreuse est ton étreinte,
Et voilà que je te traverse sans pouvoir m’arrêter,
Derrière, c’est toi, ma mère, devant, c’est la guerre,
Dis-moi, mère, que dois-je faire ?
САРЫ-АРҚА (1943)
Сарыарқа сап-сары алтын жүзген нұрға,
Қоналқы мекен болған сан ғасырға,
Сайран тау, самал жайлау, сырнайлы өзен
Лебімен алар тартып, шықсаң қырға.
Көтеріп ән мен жырдың күй қанаты,
Жүрегің ұшар құс боп аспаныңда,
Әлемнің саған ауып махаббаты,
Сарыарқа орнар сенің жас жаныңда.
Жұбанып сол Сарыарқа құшағында
Есімде ойнағаным жас шағымда.
Жетімдік жалбыр тонын жерге соғып,
Құмартып ауған бұлтқа, алыс шыңға.
Арқа ару, ашып нұрлы күн бетіңді,
Ойнатып, еркелетіп мен жетімді.
Аулақтап сұр бейіттен әкетуші ең,
Не дермін, сенің сол бір құдіретіңді?
Сарыарқа сағындырдың ата мекен,
Сардала анам едің, құшағың кең.
Тұсыңнан тоқтай алмай барам өтіп,
Артта – Сен, алда – майдан, қайтсем екен?
4.
LE PAYS NATAL
Grimpe sur la montagne, contemplant la steppe infinie,
Tu te réjouis, tu deviens comme un enfant.
Ton regard parcourt ses vastes étendues ;
Seras-tu jamais las de sa vue ou rassasié de sa beauté ?
Ô, Dariga – toi ma contrée natale, mon berceau d’or,
Pardonne-moi si jusqu’à présent j’ai été indifférent à ton charme !
Je ne peux me coucher sur ta terre sans en être ému,
Non en tant que poète, mais comme une de tes simples pierres.
Ma terre, comme tu es vaste, comme est superbe ta grandeur !
Comment ton cœur peut-il battre toujours avec tant de force ?
Je suis né, j’ai grandi sur ton sein, et y mourir
N’est que le plus cher de mes rêves.
Comme la tienne, grande et généreuse est mon âme,
Je t’admire, j’arpente libre et heureux tes routes ;
Tu m’as donné, sans regret, tout ce que tu avais,
Moi aussi, sans lésiner, je te donnerai tout ce que je possède.
Ma steppe natale, je suis tombé amoureux de toi,
Quand je suis loin de toi, tu deviens mon rêve le plus précieux,
Quand je suis sur ton sol, je me sens au paradis,
Tu es mon rempart d’or, le seuil où je suis né.
ТУҒАН ЖЕР
Шықшы тауға, қарашы кең далаңа;
Мәз боласың, ұқсайсың жас балаға,
Ол шеті мен бұл шетіне жүгірсең,
Шаршайсың ба, құмарың бір қана ма?
Уа, дариға – алтын бесік туған жер,
Қадіріңді келсем білмей, кеше гөр!
Жата алмас ем топырағыңда тебіренбей,
Ақын болмай, тасың болсам мен егер.
Неткен байтақ, неткен ұлы жер едің!
Нендей күйге жүрегіңді бөледің?
Сенде тудым, сенде өстім мен, сенде өлсем, -
Арманым жоқ бұл дүниеде дер едім;
Мен де өзіңдей байтақ едім, кең едім;
Қызығыңды көріп еркін келемін.
Сен де аямай бердің маған барыңды,
Мен де аямай барым саған беремін.
Болдым ғашық, туған дала, мен саған,
Алыс жүрсем, арманым – сен аңсаған;
Жақын жүрсем, мен – төріңде жаннаттың,
Алтын діңгек - өзім туған босағам!
5.
PASSENT LES JOURS
(Taras Chevtchenko)
Passent les jours, passent les nuits,
Et bien vite s’enfuit mon été,
Souffle le blizzard, se fanent les fleurs,
Jaunissent les feuilles.
La pensée somnole, le cœur ne bat plus,
S’éteint la lumière des yeux,
Tout semble profondément endormi,
Pas le moindre signe de vie.
Suis-je encore - point ne le sais -
Suis-je présent dans ce monde lumineux,
Ne fais-je qu’errer
Sans pleurer ni rire ?
La vie, où est la part de ma vie ?
Est-il possible que je n’en aie aucune ?
Si cela te désole de m’offrir le bien,
Ô mon Dieu, donne-moi le mal !
Comme il est dur de mourir
Dans une cage étroite, au cachot,
Mais si l’on gaspille sa liberté à dormir,
Le cœur en est encore plus affligé.
Si l’on passe sa vie à dormir,
Si l’on ne se réveille jamais,
À quoi bon, alors, vivre ou mourir
Si l’on ne laisse nulle trace après soi ?
ӨТЕДІ КҮНДЕР
(Тарас Шевченкодан)
Өтеді күндер, өтеді түндер,
Өтеді жазым зымырап,
Соғады дауыл, солады гүлдер,
Сарғаяды жапырақ.
Ой ұйқыда, жүрегім жым-жырт
Сөнеді көздің жанары;
Бәрі ұйқыда жатыр ғой мүлгіп,
Тірліктің жоқ еш хабары.
Осынау жарық дүниеде
Бармын ба мен, - білмеймін,
Қаңғалақтап жүрмін бе әлде,
Жыламаймын, күлмеймін.
Сыбағам қайда, сыбағам?
Жоқ па, сірә, ешқандай?!
Жақсылық менен аясаң,
Жамандық бер, а құдай?!!
Қандай қиын – қаза тапсаң
Тар қапаста, зынданда.
Еркіндікте ұйықтап қалсаң,
Қиынырақ содан да.
Ұйықтап өтсең өміріңде,
Ұйқың ешбір қамбаса.
Тірлігің не, өлгенің не,
Ешбір ізің қалмаса.
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10/08/2011
Mukagali MAKATAEV, poète du Kazakhstan
Mukagali Makataev, un des plus grands noms de la littérature kazakhe, est né le 9 février 1931 dans le village de Karassaze, situé au pied de la majestueuse montagne Khan-Tengri qui culmine à 7 010 mètres d'altitude. Elle fait partie du massif du Tian Shan. Son village natal est situé dans la fertile région d’Alma-Ata (aujourd’hui Almaty), Kazakhstan, alors République Socialiste Soviétique du Kazakhstan, une des 15 républiques qui composaient anciennement l’URSS. Il meurt le 27 mars 1976 à Alma-Ata. Mukagali Makataev termine ses études supérieures à Moscou, dans le célèbre Institut de littérature et de création littéraire Maxime Gorki.
Il est l’auteur de plusieurs ouvrages : La Vie est une légende, La Vie est un fleuve, Requiem pour Mozart, Poèmes, etc. Beaucoup de ses poésies sont mises en musique. Elles sont devenues de véritables chansons populaires connues par tous les Kazakhstanais.
Makataev traduit en kazakh les grands classiques russes, les œuvres de Walt Whitman, La Divine Comédie de Dante.
Son nom est aussi célèbre que celui du patriarche de la littérature kazakhe, Abaï Kunanbaïouli (1845-1904) et d’un autre géant des lettres kazakhes, Moukhtar Aouezov (1897-1961).
Makataev est lauréat du Prix d’Etat du Kazakhstan.
Aimé par la jeunesse, il est devenu le poète le plus populaire du pays.
Cette année, le Kazakhstan fête solennellement les 80 ans de sa naissance.
Athanase Vantchev de Thracy
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18/06/2011
Poètes d'Europe - Samira Begman (Suisse)
SAMIRA BEGMAN- KARABEG est née en Bosnie et Herzégovine en 1954. Elle émigre en Suisse en 1978 et devient citoyenne de ce pays. Samira a fait des études supérieures d’économie et de tourisme à l’Université de Belgrade. En Suisse, Samira Begman acquiert une vaste expérience dans le domaine de la gestion de patrimoine (dix ans d'expérience). Elle a travaillé comme spécialiste de la sécurité et responsable de la formation des apprentis à l'UBS de 2000 à 2002.
Samira Begman est bilingue. Elle parle l’allemand et le bosnien. Elle se sert du russe et de l’anglais. Elle a été a été comptable dans une importante entreprise russe dont le siège se situe à Zurich.
Samira Begman est une excellente poétesse et traductrice.
Œuvres :
Anthologies et revues
De 1992 à 2010, elle a eu de nombreuses publications dans des journaux et revues suisses et bosniaques.
2004 "le temps du mutisme"
Poèmes, Editions Divan, Suisse
2004 "la bibliothèque des poèmes germanophones"
Editions Realis, Allemagne
2005 "la voix de la nature"
Poèmes, Editions Divan, Suisse
2007 "Mes voisins"
Poèmes, Franco Pen Verlag, Bonn
2008 ' Femmes pour la paix '
Espace d'art pour la poésie, l'image et la sculpture
Editions Monsenstein et Vannerdat
Livres individuels
2003 „Die Weberin“ (la tisserande)
Poèmes, Editions Andrea Stangl, Allemagne
2005 „An der Schwelle / Na pragu“ (sur le seuil)
Poèmes / Pjesme (allemand et bosniaque)
2008 „Zeichen“ (signe)
Poèmes, Littera Autoren Verlag, Schweiz
I
SEUL, LOIN DE LA LICORNE
Je fais de mon mieux pour voir son reflet dans d'autres
Alors je démolis et je dilue la nuit,
Je veux être dans leur rêve, dans la pupille de leur oeil
Au cœur de l’identité, au-delà de l'expression
Taillez le mot, le Mot, qui
Éclatera sous le fardeau de l'héritage
Dans une fontaine de voyelles pour que la sagesse
Cachée, dans le moment sacré de création du
Commencement, et dissipera dans mille particules
L’obscurité éternelle, ce mot au sujet de nous.
Depuis comme une poussière d'étoile
Moi et la Licorne sommes devenus une
Je trouve par hasard les gens qui
Se ressemblent les uns les autres
Et dont les traits, les caractéristiques
Ne forment séparément plus qu'un seul être
Le seul être qui blesse et
Se consacre à la désolation de sa propre essence
Je suis anxieuse, je ressens un frisson
Quand je vois que ce qui est resté
Des débris de leur vraie nature, et ce qui est resté
Dans leurs âmes, n’est rien
Qu’une danse endiablée d'ombres mortelles.
SAMA, DALEKO OD JEDNOROGA
Nastojim ga u drugima naći
Pa razgradujem, rastvaram noći,
Želim im u san ući, u trešnju usne,
Obilježja identiteta, iza govora
Riječ isklesati onu baš što evo
Zapečaćena nasljeđima pršti
u mlazu vokala da bi se znanje
skriveno, to tajne zametanje
početka u tisuću čestica razišla
davna tama, ta riječ o nama.
Otkad kao zvjezdana prašina
Stopih s Jednorogom sebe
Ja nailazim na ljude koji mi
Se istim onim drugim čine
Koji obiljem svojih obilježja
Raskorijenjeni tvore više bića
Jedne jedine osobe koja boli i
Voli pustoš svakog svog djelića
Osjetim zebnju, strese me stud
Kad vidim, da od onog čime su
Razlistali svoju ćud da ono što
Im se u duši nastanilo nije drugo
Do li mrtvačkih sjena žustro kolo.
II
La Licorne revient
Une Pensée conçue à partir d’un Mot
A suinté dans le Néant
Et l'infini a tremblé.
Mahat Tattva est né.
Moi, séparée de Lui
Consommée par les flammes de la Création
Moi, l’agneau sacrificiel.
Balayé par la tempête du désert de l'illusion
Annihilé par la cruelle Kali Yuga,
Je trace mon chemin
A travers le tourbillon de Désir,
La nuit disparaît,
Le feu meurt,
L'illusion facilite son emprise.
Je pénètre dans le monde du Pouvoir de la Pensée,
Et là je trouve l'amour,
Son appel devient plus distinct.
L'écho m’emporte vers
L'endroit
Où la licorne
Rêve de mon retour.
Povratak Jednorogu
Misao iz Riječi
oplodi Ništa
i beskonačnost uzdrhta.
Rodi se Mahat Tatva.
JA, od Njega se odvojih
i gorjeh vatrom Stvaranja,
ja, svijetu žrtvovana.
Pustinjskom olujom iluzije
zametana
surovom Kali Yuga
brušena;
savladavam vjetrove strasti,
nestaje noć,
vatra stvaranja se gasi
iluzija gubi moć.
Zadirem u svijet Snage misli,
u njemu i Ljubavi,
Njegov zov zvučan biva.
Tim zvukom ja se uznosim
gdje Jednorog
moj povratak sniva.
III
À plus tard
Je lui ai posé
Des milliers de questions,
"Mon cher enfant, des cailloux d'or
Jaillissent soudain de ta bouche ",
Alors il a dit,
' Regarde, ici sont les réponses … "
J'ai regardé,
Et regardé.
Il n’y avait que de l'eau …
Je le sais, maintenant
J’aurais dû m'être jeté à l'eau.
Kasno je
Sa hiljadu pitanja
stala sam pred Njega,
"Dijete, rukohvati klasja
iz tvojih usta pršte",
reče mi,
"Evo, odgovori su ovdje..."
gledala sam,
gledala...
bila je samo voda...
sad znam,
trebalo je zaronuti.
IV
Génie
L’éclat dans ses yeux
Reflète la reddition de
L’enfant innocent et inoffensif,
Qui se remplit du désir de vie,
Difficile à maîtriser
En ce jeune âge,
Mais quand l'enfant fait face à l'orchestre
Et avec assurance
Tient la baguette
Et crée un orage de mouvements accomplis
Et que l'aria divine – une cascade de perles -
Se déverse du ciel
Et le moment où
Avant que le bâton ne soit levé
Il fait une pause
Il se tourne
Il me cherche
Il fait s’arrêter mon coeur
Il fait s’arrêter le temps
Et je me sens
Comment les sons harmonieux
Qui s’élèvent par la corne de la Licorne
Emportent l'enfance
De la caverne tempétueuse
Vers le verger céleste.
Genius
U plamu njegovih očiju,
dijete mi se predaje,
bezazlenoi nespretno
u valovlju življenja
kojeg savladavati
nije naučilo,
ali, kad stane pred orkestar
i samopouzdano
dirigentsku palicu u ruke uzme
a iz nje s ruke mu vične
sijevaju munje
i milozvučna arija - biserni slap
iz svemira izlijevati stane
i onaj momenat, onaj tren,
kad,
prije nego podigne palicu
okrene se
i moj pogled potraži,
zastane mi dah,
stane vrijeme
i ja vidim
kako zvuci harmonije
jedno djetinjstvo
iz pećine nevremena
Jednorogom uzdižu
u nebesko procvjetavanje.
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